Le projet l’Instant T est l’autopsie d’un couple de quarantenaires.

A travers une succession de confidences, ils tentent de retrouver « l’instant T »… l’instant où leur couple est mort. Ils découvrent que cet instant était bien antérieur à leur rupture. Il était même antérieur à leur intention de rupture. Ils parlent. Ils évoquent leur vie en commun, les chocs assez banals d’une vie de couple « normale » : la sexualité qui se dépassionne, les chemins de l’originalité et de la surprise qui s’assombrissent progressivement, la naissance du premier enfant, puis du deuxième – on reste dans la moyenne- la première maîtresse qui donne un sursaut d’affection de Lui pour Elle, puis la deuxième avec laquelle il ne retrouve plus cette poussée « d’énergie conjugale » qui l’avait submergé la première fois, les inhibitions qu’Elle fait sauter les unes après les autres pour dévoiler à son tour son corps à un autre « par petits bouts »...

Et puis cet instant où leur lien s’est rompu et qu’ils ne parviennent pas à retrouver. Pourquoi cela a-t-il eu lieu ?

C’est un instant où il ne s’est peut être rien passé… une seconde identique à celle qui a précédée, identique à celle qui a suivie. C’était une seconde quelconque. C’était peut être une seconde agréable sur le moment. Il s’est peut être passé quelque chose d’anodin…une odeur désagréable en ouvrant le lave vaisselle, une journée mal calibrée où l’on était en avance par rapport à ce qu’on avait prévu, une lampe qui explose lorsqu’on a appuyé sur l’interrupteur, une blague pas drôle entendue on ne sait où, un courant d’air en sortant de la maison…

Une bricole…

Mais à partir de ce moment, plus rien n’est possible. Le mépris s’est irrémédiablement installé, comme pour le couple du film de Jean Luc Godard : « le Mépris ».

Il est impossible de revenir en arrière, parce qu’on a pas compris ce qui s’était passé.

L’Instant T est le récit de cette impossibilité.