: Note d’intention
Les deux premières pièces de la Trilogie de la critique L'Homme qui rit (critique de
la politique) et Renzo le partisan (critique des armes) s’emparent chacune de faits
réels et historiques qui embrassent deux générations de militants politiques.
L’auteur y interroge les valeurs fondatrices de la démocratie en opérant un double
déplacement : un éloignement historique et un détour par l’Italie.
L’Homme qui rit s'appuie sur un événement qui bouleversa l'histoire italienne
récente - l'enlèvement et l'assassinat du secrétaire de la Démocratie Chrétienne Aldo
Moro par les Brigades Rouges, en 1978 - crime dont Antonio Negri fut accusé avant
d'en être totalement blanchi, mais qui lui valut un certain nombre d'années
d'incarcération.
Cette pièce affronte à la fois le thème de la corruption du pouvoir et celui du
glissement d'une volonté de changement et de révolution, née dans les luttes -
parfois très dures - pour la liberté et le droit au bonheur, vers l'impasse morale et
politique que représente le geste de mise à mort d'un homme. Elle se déroule dans
les années 1970 où nous suivons cet homme de pouvoir qui fait corps avec sa haute
fonction publique. De son bureau, il assiste la crise économique, la corruption et la
violence d’Etat, non sans conséquences. Alors qu’il s’essaie au compromis il est
enlevé, séquestré et condamné à mort par un tribunal populaire. La sentence sera
exécutée mais elle n’aura pas lieu. La fiction théâtrale change les dimensions de la
perception : l’homme et son jeune ravisseur, dans le court temps de la
représentation, dénouent ensemble les liens du pouvoir et de la corruption.
L’homme qui rit se retrouve à la verticale de lui-même. Éloge de la pauvreté et de
l’amour.
Jeunesse et violence, sont au centre de la seconde pièce. Renzo le partisan achève
son adolescence dans le fracas de la guerre. Premier baiser, premier coup de feu. Il
se résout à accomplir un acte de violence après l’avoir refusé. Parallèlement à son
apprentissage d’homme s’élabore la Constitution. La paix revenue sera
assourdissante : sous les yeux de Renzo, les valeurs de la démocratie s’établissent
sur le sang et la corruption. Parce que l’injustice perdure, il hésite à reprendre les
armes et s’emparera finalement d’un éclair à main nue. Cette pièce affronte d'une
autre manière les thèmes croisés de la violence et de la lutte. La critique des armes
est nécessaire, et elle est souvent produite par les armes de la critique - ce qui ne
signifie pas que le réformisme pur et simple soit le seul horizon auquel aspirer :
c'est dans cette contradiction que le jeune Renzo se débat, à la fin de la guerre, au
moment de la chute du fascisme et de la défaite du nazisme. Cette histoire vraie
devenue fable dramatique, résonne ici et maintenant. Qu’advient-il de notre
jeunesse ? Qu’en est-il de la violence ?
Ces deux pièces invitent à tenir parole : ici le mot a valeur d’action. Il s’agit d’une
dramaturgie effective et affective ; celle-ci interroge, tisse et élabore. Elle fraie un
passage du « je » au « nous ». Le temps de la représentation théâtrale.
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