L’Homme qui rit est un immense texte où chaque description, chaque interjection, est une force de narration hors du commun. Ce roman, le plus noir de Victor Hugo, est un roman philosophique, une méditation sur la nature humaine et sur les abîmes du coeur de l’Homme, mais il est aussi un roman politique d’une grande noirceur.

Ce roman est un chef d’oeuvre qui me touche parce que puissant, poétique, humaniste, politique, méchant, coloré et sans concessions.
Les personnages sont tous attachants, même les plus abjects, car tous ont l’excuse d’être aux prises avec un destin qui leur échappe.

Dans le découpage de ce roman, grande épopée baroque, nous traverserons toute l’histoire de L’Homme qui rit (du début à la fin du roman), respectant en cela toute l’intrigue, mais en gommant les nombreuses digressions du récit.
Dans une narration visuelle très simple, artisanale, poétique, qui ne pourra être “en concurrence” avec le texte j’amènerai la force de jeu des 7 comédiens dans un univers théâtral expressionniste mêlé à des scènes entièrement basées sur l’objet.
La machinerie de théâtre, essentielle dans l’univers du théâtre baroque, trouvera ici toute sa place.

Au-delà du mélodrame, les grands thèmes qui parsèment l’oeuvre - à savoir le peuple, le martyre, la cruauté, l’aristocratie, le rire et la fatalité - l’humour sera très présent, en particulier dans le traitement pittoresque des personnages.

L’adaptation du texte nécessitera d’aller à l’essentiel et c’est toute la complexité et le challenge de ce spectacle. Beaucoup de questionnements encore à ce jour...
Mais nous travaillons (avec Francis Peduzzi) à bousculer, à signifier au-delà des mots.

L’esprit général de ce spectacle sera proche d’un théâtre forain dans les changements à vue et le recours important de la machinerie de théâtre dans les manipulations d’objets et les changements de décors.

C’est tout un univers qui se cherche, se met en place aujourd’hui …entre le conte de fées,le film d’horreur, la fantaisie, la cruauté la plus implacable et l’étrangeté théâtrale.

Claire Dancoisne

mars 2018