: Note d’intention
par Pierre Notte
Mauvaise farce, tragédie lucide, dystopie joyeuse...L’Homme qui dormait sous mon lit esquisse un monde parfait où
une prime d’indemnité serait allouée aux citoyens responsables qui hébergent un refugié, où une récompense
supplémentaire leur serait accordée au cas où ledit refugié, poussé à bout, se suiciderait, sans faire de tache.
Zéro culpabilité. Parce qu’un bon migrant est un migrant qui se suicide, proprement.
L’accueillante (Madame Europe, Muriel Gaudin), le réfugié (le sans domicile accueilli, Clyde Yeguete), et
la modératrice (le Politique, la Suisse, la neutralité bienveillante, Silvie Laguna) : trois comédiens incarnent les
entités contraires et monstrueuses d’une fantaisie macabre.
Pris au piège entre une Europe acculée, incapable, et l’impuissance mondialisée, voilà le monde des humiliés
qui appelle au secours. C’est une pièce de guerre, un combat du début à la fin, une mise à mort avec arbitre.
C’est saignant, rapide et hargneux. La pièce se joue sans décor, sans accessoire. Une chaise exceptée, lieu clé de
l’assise, du pouvoir, du repos du guerrier. Les tremblements de terre, récurrents, laissent place pour finir aux
trois temps d’une valse douce, moment de rapprochement, de réconciliation.
Il s’avérera possible enfin, pour finir, au bout du conte noir, de vivre peut-être ensemble, entente rêvée entre
les êtres, entre les peuples, mariage des différences. On est aussi là pour ça, rêver un peu, après avoir ri tant bien
que mal du désastre.
Entretemps, on joue la tragédie féroce, au pied de la lettre, on fonce dans le tas de l’atrocité d’une situation qui
noie tout le monde, les réfugiés d’abord, l’Allemagne et la France aussi, séparées par la Suisse.
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