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L'Homme de plein vent

+ d'infos sur le texte de Pierre Meunier

: La lutte contre le nivellement

par Pierre Meunier

Pour écrire le texte, je m’étais retiré en Lorraine trois mois, durant l’automne 1995, sur le carreau de la mine désaffectée de Petite-Rosselle. Là, dans cette solitude peuplée de masses énormes arrêtées, machines d’extraction, laveuses à charbon, terrils et chevalements affaissés, j’ai éprouvé la puissance de la pesanteur immobile, de la densité du fer, de cet implacable mouvement vers le bas qui conditionne notre existence dans toutes ses dimensions, jusqu’à venir à bout de notre force de résistance. Habité par le roman de Don Quichotte que j’avais alors renoncé d’adapter au théâtre, j’ai écrit cette épopée contemporaine de l’impossible victoire d’un duo incarnant poétiquement la dialectique du lourd et du léger, du révolutionnaire et du conformiste, de l’utopie et de la raison, du « ça va pas de soi » et du « ça va de soi ».


Leur combat physique est la métaphore vivante de la lutte contre le nivellement, contre la réduction normée des imaginaires, contre l’asservissement de la pensée. On ne peut pas dire que depuis 1996 la menace ait faibli. Les comportements grégaires se multiplient. La pensée est suspecte, attaquée. Dès l’enfance, la norme affecte et limite tous les champs de l’activité humaine. On peut même dire que le renoncement progresse face à l’ampleur des défis à relever dans le politique, l’écologique, l’éducation... L’esprit humain peine à rebondir, l’horizon ne fait plus assez envie, le court terme triomphe à tous les étages, les bras nous en tombent.


C’est précisément cet état d’esprit qui justifie pleinement à nos yeux le retour de Léopold et Kutsch sur la scène des théâtres. Leur désir irrationnel et joyeux, leur utopie, réveillent des perspectives d’allègements, des ressorts imaginaires assoupis, des rires salutaires, des raisons d’en découdre avec nos plus intimes pesanteurs.


l leur faudra tout au long du spectacle affronter les embûches que le troisième homme, Schwermann, leur envoie pour mettre à l’épreuve leur détermination. La présence permanente de cet agent de la pesanteur, véritable homme-orchestre et manipulateur hors pair, participe activement à la transformation continue de l’espace ainsi qu’aux déclenchements d’évènements pondéreux aux conséquences imprévisibles... Le trio fonctionne ainsi sur le principe de la manipulation à vue d’un duo par un troisième acteur pourvoyeur en péripéties visuelles et dramatiques.


Convaincus avec Hervé Pierre et Marguerite Bordat de faire résonner l’Homme de Plein Vent avec ce que nous vivons à l’approche des années 2020, nous nous proposons de remettre la mémoire à l’épreuve du plateau, afin de re-fabriquer ensemble la forme qui nous semblera aujourd’hui la plus pertinente.
Nous repartirons de ce décor-machinerie, inventé en 1996, propice à toutes les chutes, envols, et soulèvements des hommes et de la matière.

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