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L'Expérience Hyde

mise en scène Denis Milon

: Sur la nouvelle de Stevenson, l’Etrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde

Le court roman de Stevenson a rapidement accédé au statut de mythe contemporain, suscitant un nombre peu commun d’adaptations littéraires, cinématographiques, de chansons ou de bandes dessinées entre autres. Très vite, le personnage de Hyde est venu renouveler et enrichir la galerie des monstres au cinéma et la duplicité du personnage, le passage de l’humain au monstre est devenu est un des thèmes récurrents du cinéma fantastique (La Mouche ou très récemment Hulk).


Bien sûr, il est une nouvelle illustration du conflit éternel du bien et du mal, situé cette fois dans une même personne, qui se dédouble. On y a vu une allégorie de la théorie de l’inconscient que Freud allait bientôt révéler à l’humanité. Mais il constitue aussi un regard unique, ironique et acéré sur la société victorienne, prise elle-même dans un dédoublement, une « fracture sociale » telle qu’on ne la nommait pas encore, entre la minorité très riche et l’immense majorité, très pauvre très souvent, ces misérables que Dickens sut si bien mettre en lumière. Deux mondes qui coexistent et ne se rencontrent pour ainsi dire jamais, si ce n’est par manchette de presse interposée, où de monstrueux tueurs en série rôdent dans les quartiers malfamés de Londres ou de Manchester, engendrent des peurs collectives et des fantasmes sécuritaires, constituent à eux seuls la preuve qu’il faut se méfier du pauvre et savoir en permanence le tenir en laisse.


Selon la légende, Robert Louis Stevenson l'aurait écrit durant l'été 1885, à la suite d'un cauchemar. En réalité, l'idée lui fut inspirée par un personnage authentique nommé William Brodie, un homme d'affaires considéré, membre du conseil de la ville d'Edimbourg le jour, qui dirigeait, la nuit, une bande de cambrioleurs. Démasqué, il fut pendu dans les années 1870.


La narration est étrangement morcelée, découpée en plusieurs récits, celui d’Enfield d’abord qui raconte sa première rencontre avec Hyde, à la suite d’une altercation avec une petite fille. Très vite c’est l’histoire du notaire Utterson qui prend le dessus. Ce premier récit s’achève à la mort de Hyde. Viennent ensuite deux lettres adressées à Utterson, celle de Lanyon, collaborateur du Docteur Jekyll et témoin direct de la transformation de celui-ci en Hyde. La seconde est la confession de Jekyll lui-même, qui raconte son histoire et revient sur les évènements précédents. De cette étonnante structure provient pour une bonne part le caractère insaisissable de l’œuvre, à la mesure de son protagoniste principal, Hyde, sans cesse vu, aperçu, deviné, raconté, pour paraphraser le poème de Verlaine, jamais tout à fait le même, ni tout à fait un autre, et qui n’est peut être en définitive que la (re)construction de tous ces récits et témoignages, une rumeur portée par tant de bouches qu’elle en deviendrait réalité.

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