Âgée de 23 ans, Annie Ernaux raconte la longue attente depuis l'annonce de sa grossesse jusqu'à sa "libération". Elle évoque les conditions sordides de l’avortement, la violence du regard social, la culpabilité liée à un acte illégal et qui, à l’époque, se déroulait dans la clandestinité. La narratrice évoque au plus près des sensations éprouvées, le parcours douloureux, difficile et délicat d’une jeune fille des années 60, "mise en cloque", mais ne souhaitant pas "être mère" à cet instant.

Sans lyrisme, ni dolorisme mais avec une précision poignante, l’auteur revient sur un événement qui a marqué un grand nombre de femmes dans l’indifférence et le silence le plus complet. Sur le plateau, seule et bouleversante, Catherine Vuillez offre aux spectateurs une grande proximité avec l'écriture d'Annie Ernaux et porte avec force et authenticité ce récit entre vie et mort. Nous suivons au jour le jour, un acte qui, même s’il est aujourd’hui devenu légal en France, continue de hanter la société. Malgré les années, ce propos reste d'une grande actualité.