Spatialement L'éveil du printemps évoque différents lieux, assez peu décrits : une chambre, la rue, la forêt, un chêne, un jardin, un cimetière…
Frank Wedekind, dans son texte, décrit davantage les personnages et le climat (météo, ambiance) que les lieux en tant que tels. de ce fait, la reconnaissance physique et concrète des lieux est-elle importante, sinon symboliquement ?

on peut aussi analyser une nature persistante par rapport au bâti, d'où son importance du point de vue symbolique de la pièce. cela pose naturellement la comparaison entre les lieux de l'adolescence du XIXe siècle de Wedekind, et les nôtres, plus contemporains. Quels sont les espaces des adolescents d'aujourd'hui ? Où sont les espaces de liberté et de rêverie dans une ville ? Où se raconte-t-on les expériences, les questionnements, les tabous, les choses du sexe ? En somme, où les ados s'expriment-ils, s'exposent-ils, philosophent-ils ? Quels interstices trouvent-ils dans notre monde ?

Les espaces "entre deux" d'une ville, les espaces flottants semblent donc intéressants; parkings, escaliers, terrains vagues, préaux, constructions en cours couleur béton ou aux couleurs faussement joyeuses. Cet « entre-deux » est à mi-chemin entre la ville et la nature, tout comme l'adolescent se trouve entre ces deux états que sont l'enfance et l'âge adulte, à l'image de ces ados dans les photos d'Antoine d'Agatha, et des architectures d'Axel Hutte.

La recherche de l'espace se porte donc sur un plateau qui offre aux comédiens la possibilité d'explorer, de se promener ; à la musique de s'envoler ou de murmurer ; et à la parole de buter contre les murs de la morale, contre les autres, ou de s'époumoner, de s'étendre bien au-delà de la scène.

Concrètement nous nous dirigeons vers une scénographie épurée mais jouant autant sur l'horizontalité que la verticalité. L'espace au sol est un plateau vide, noir, brillant, qui peut-être mat par endroits.