R.V.I raconte l'histoire de Jean-Pierre Meiche, ouvrier à l’usine de poids lourds de Blainville-sur-Orne dans le Calvados, embauché en tant qu’OS à l’âge de dix-huit ans, parti en préretraite en 2003 et décédé avant d’avoir pu en profiter. Ardent militant syndical, fervent conseiller municipal engagé au Parti communiste, particulièrement investi dans le Centre communal d’action sociale, il aura passé une grande partie de sa vie au service des autres.

En s'emparant de la biographie de son père, Maryse Meiche pose en actes la question du travail et de ses conditions. À quel endroit la « petite » histoire rencontre-t-elle la « grande », celle de la classe ouvrière ? Comment a évolué le milieu ouvrier ? Peut-on encore parler de classe ouvrière ?

Mais aussi, qu'est-ce que cela signifie, être fille d'ouvriers ?

De l’alliance qui se tissa entre les ouvriers de la Saviem et les étudiants, dès janvier 1968 à Caen, à l’évocation de la lean production, héritière du taylorisme, la pièce dresse dans un étroit alliage de formes (texte et documents, musique, bruitage, images) le tableau d’un milieu social et culturel en plein bouleversement.

Fidèle à cet enjeu de mettre en œuvre une langue de plateau d’aujourd’hui, a mise en scène établit un dialogue ludique entre le théâtre et la musique. La parole, le travail sonore avec les machines, les interprétations de Fabrice Naud au violon, à la guitare ou au thérémine, ont vocation à nous interroger sur un monde qui, sans être complètement révolu, tend à être progressivement occulté.

À travers ses propres souvenirs d’enfance, des fêtes du parti où l’on chantait « Le Chiffon rouge » aux vacances au camping, Maryse Meiche revisite les années 80 : celui « d’une époque d’espérance et de camaraderie, de solidarité. » De désillusions aussi.