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L'Eden cinéma

+ d'infos sur le texte de Marguerite Duras
mise en scène Jeanne Champagne

: Note d'intention

Les livres, c’est comme les rencontres, ça n’arrive pas par hasard, j’ai rencontré l’oeuvre de Marguerite Duras il a plus de trente ans, je l’ai quittée, je l’ai retrouvée plus récemment avec un immense bonheur. Il y a dans cette oeuvre une voix mystérieuse, lointaine, qui résonne d’une façon très intime et très singulière. Son ays est un pays d’eau où « les voix d’encre et de chair s’entremêlent », un pays où l’on navigue entre réel et imaginaire, entre vie et fiction, de l’intime à l’universel.


Depuis longtemps j’aime l’Eden cinéma. Cette pièce est en fait l’adaptation d’Un barrage contre le Pacifique, « le grand livre de Marguerite Duras » qui met en scène une mère seule avec ses deux enfants face au « vampirisme colonial » et aux éléments déchaînés.


Dans L’Eden Cinéma, il y a Eden, le paradis, le paradis perdu, il y a Cinéma, tout ce que l’on projette, ce qui est possible, ce que l’on phantasme, le cinéma du paradis, le paradis du cinéma…


Pour Marguerite Duras, le Paradis perdu c’est l’enfance, la liberté de l’enfance : « Nous étions d’une liberté totale, je n’ai jamais vu des enfants aussi libres que nous, que nous sur les terres du barrage, mon frère et moi… on restait partis des journées entières dans la forêt et sur les rivières… »


Le regard que les écrivains portent sur les premiers âges de la vie est toujours le fruit d’une « recomposition », « d’une mise en scène ». Nous le savons et c’est ce qui nous intéresse…


Dans le cinéma de « L’Eden », ce ne sont pas les enfants Suzanne et Joseph qui sont les principaux personnages, ni Monsieur Jo qui n’est pas encore « L’Amant », mais c’est la Mère : « Aucune mère d’écrivain ne vaut la mienne – Ma Mère c’était un Grand Personnage. (…) Veuve très jeune, seule avec nous dans la brousse pendant des mois, des années, donc seule avec des enfants, elle se faisait son cinéma, et le nôtre de surcroît. Elle nous avait déjà fait le cinéma de son enfance dans les Flandres françaises. Celui d’une guerre de 1914. Celui de la perte de son seul amour, notre père. Et puis elle nous a fait celui-là, celui du meurtre des blancs colonisateurs, avec la minutie, la précision d’un gangster. »


Quand on « projette » de mettre en scène un texte, on a peu de certitudes, sinon ce désir-là, moteur du travail à venir. C’est en faisant qu’on trouve et c’est ce chemin-là qui est passionnant, celui de l’imprévisible, de l’inattendu.


Alors, je vous donne rendez-vous dans ce Cinéma abandonné, qui je pense n’existe plus, n’a peut-être jamais existé, mais que j’imagine. Assis dans ce lieu vide, nous écouterons « la Valse de l’Eden », nous attendrons que la mémoire remonte, que les personnages surgissent, passent de l’ombre à la lumière et nous fassent entendre ce chant sauvage et désespéré et pourtant plein de rires et de joie ; comme la vie même…

Jeanne Champagne

avril 2010

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