Dès sa création, le Primesautier théâtre s’est tourné vers la relation entre art et réel et poursuit maintenant son travail en usant de méthodes documentaires car comme dit si bien le Galilée de Brecht « Oui, c’est écrit dans les livres mais allons maintenant voir par nous-mêmes ».

Marquée par notre aventure brechtienne, notre compagnie souhaite mettre en pratique de nouvelles méthodes de fonctionnement concernant le montage et la production de ses créations. Nous préférons choisir un sujet pour dans un premier temps, lui allier la mise en scène d’un grand texte fondateur, puis dans un deuxième temps, la création d’un spectacle reprenant et creusant les thématiques principales de ce texte.

Nous désirons poser comme postulat de départ « un théâtre s’intéressant à chaque nouvel état de la société et de l’individu vivant consciemment, réfléchissant sa propre histoire dans le contexte plus général de la grande histoire, sans que cette mise en perspective ne soit instrumentalisée selon une orientation spécifique. »

Pour ce faire, le Primesautier Théâtre construit sa dynamique de travail et ses choix esthétiques selon un processus théâtral global, alliant actions sur différents territoires et son propre travail de mise en scène. Il envisage l’acte de création théâtrale comme un ensemble cohérent d’actions culturelles et artistiques autour d’une même thématique ou d’un même auteur, créant alors, dans le temps, un système d’enrichissement mutuel et culturel. Nous pensons que ces méthodes touchant un large public de manière durable est une autre forme d’échange et de diffusion artistique faisant du public un véritable partenaire de travail.

« Il n’y a plus un monde clos, celui de la scène, qui détiendrait une vérité à laquelle la salle doit s’abandonner en s’oubliant elle-même. Il y a collaboration entre la scène et la salle par le truchement d’un spectacle qui tire sa vérité non d’une certaine idée du théâtre ou d’un désir de communion culminant dans un seul acte d’amour, mais d’une expérience commune aux producteurs et aux consommateurs de théâtre : l’expérience de leur société. »
(Bernard Dort, « Théâtre Public » Avant-Propos 1967)