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L'Arracheuse de temps

+ d'infos sur le texte de Fred Pellerin
mise en scène Fred Pellerin

: Entretien avec Fred Pellerin

D’où viennent toutes les histoires que vous racontez dans votre spectacle ?


Fred Pellerin : Je viens d’un village au Québec où les gens parlent beaucoup. C’est un village au milieu d’une forêt près de la rivière Saint-Maurice où depuis longtemps on vit de l’exploitation du bois. Ma famille est installée là depuis sept générations. Quand j’étais petit, le soir on éteignait la télévision et tout le monde racontait des histoires. Moi, j’écoutais. C’était des histoires à propos de tout et de rien. En fait, il se passait tellement peu de choses chez nous que le plus petit événement suffisait à nourrir une conversation pendant des semaines. C’est un village où l’on vit bien. Les gens y sont heureux et son taux de croissance démographique est un des plus important de la région. Quand j’étais étudiant pour me faire un peu d’argent, j’ai travaillé comme guide pour touristes. Je faisais visiter l’église, la maison de l’ancien boulanger... Peu à peu la visite guidée est devenue un délire surréaliste parce que je ne cessais d’inventer des personnages et même des mots qui n’existaient pas.


C’est comme ça que vous êtes devenus conteur ?


F. P : Oui. En fait je ne savais même pas que ça existait. Quand j’étais petit je voulais être pompier comme tout le monde. Je suis devenu conteur sans le faire exprès. J’aimais écouter les histoires, mais je ne pensais pas qu’on pouvait se dire conteur. Un jour, j’ai vu un spectacle de conteur et ça ressemblait à ce que je faisais. C’est un artisanat. Un art populaire. Mes récits ont toujours une origine réelle. Je fouille dans les archives, je me rappelle ce que me racontait ma grand-mère. Tout vient de là. Je plonge dans un passé mythique et je rajoute une dose de merveilleux. Avec le succès, je reçois aussi beaucoup d’histoires que les gens m’envoient.


Vous improvisez aussi dans vos spectacles ?


F. P : J’improvise sur mes canevas. En fait beaucoup de mes idées naissent directement sur scène. Du coup mes spectacles sont différents tous les soirs. J’emprunte de nouveaux chemins, j’invente des détours, j’ai besoin de changer parce que sinon je m’ennuie. Le conte, c’est une tradition orale, c’est vivant. Je m’accompagne aussi à la guitare, à la mandoline ou à l’harmonica, avec les pieds… Je touche un peu à tout. Pour autant mes histoires ne sont pas chaotiques, il y a une structure que je respecte mais en y aménageant des transformations. Aussi je destructure beaucoup la langue, je joue avec ça. Au Québec beaucoup ont le sentiment de mal parler parce que notre français est très différent du vôtre. Moi au contraire j’invente mes mots parce que le français est aussi une langue vivante.

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