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Accueil de « L'Acteur sacrifiant - The Sacrificing actor »

: Entretien avec Valéry Warnotte

L'écriture de Novarina est unique mais pas toujours facile à saisir. Ce mélange avec l'anglais ne va-t-il pas encore compliquer le besoin de compréhension du spectateur?


Effectivement, si le spectateur se place dans un désir de compréhension rationnel ou cartésien face au théâtre de Novarina, il est déboussolé. Il n’y aura en effet pas d’histoire, de situation, ni de personnages à proprement parlé dans ce projet. Il s’agit plutôt de questionner l’acteur et sa langue. Qu’est-ce qu’il dit et pourquoi il dit ? Nous nous éloignerons volontairement de « l’industrie de l’explication » , comme dirait l’auteur, pour nous consacrer à la matière vivante, celle de l’acteur.
Votre question me donne envie de citer Paul Claudel qui fait dire à Ysé dans Le Partage de Midi :  « Il ne faut pas comprendre mon pauvre Monsieur, il faut perdre connaissance… ».


L’anglais est la langue universelle mais c’est aussi la principale langue communicante.
L’anglais de la communication universelle est-il toujours de l’anglais ? Est-ce encore une langue ? Puisqu’elle veut s’adresser à tout le monde ?
Et notre Français à nous, qui communique pas mal aussi, cette langue-là est-elle la même que celle de Valère Novarina ?
- ça parle quelle langue au fait, un acteur ?


Mon projet s’intitule L’acteur sacrifiant
Cette idée est issue d’un chapitre de Lumières du Corps de Valère Novarina.
Dans ce texte, on y lit ceci : Sur la table de la scène, le premier sacrifié c’est le personnage, le deuxième c’est l’acteur, et le troisième, c’est toi, spectateur.


Comment rendez-vous attractif ce montage?


Avec pour squelette une définition de l’acteur piochée dans plusieurs textes, comme quelque chose qui empirerait sur l’état de l’acteur, je vais organiser le montage du texte en superposant des couches, en juxtaposant des degrés d’interprétation différents. Comme une succession de cercles.
J’ai aussi envie de mettre en avant l’insolence et l’humour de Novarina, de confronter parole et communication, de regarder si ça chante et surtout d’où ça chante…
Je vais chercher ce que l’acteur a de si important à nous dire. En plusieurs langues. Avec la conviction que l’acteur dit autre chose que les mots au Théâtre, et que peut nous importe sa langue pourvu qu’il nous parle !


Que provoque finalement ce "métissage des langues"?



Il se passe souvent quelque chose de particulier au théâtre dans une langue étrangère. Quoi de plus étrange alors quand cette langue, celle de Novarina, est déjà elle-même décalée ?
Il peut, je le crois, se produire une écoute particulière à cette association de paroles, une expérience de théâtre différente, comme s’approcher d’une communauté de spectateurs qui cherchent à entendre leurs propres langues, et à les réinventer.
L’acteur parle plusieurs langues !
L’acteur sacrifiant sera bilingue et son plateau sera Babel s’il parle la langue de chaque spectateur.

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