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Kvetch

mise en scène Sophie Lecarpentier

: Présentation

Le monde moderne qui nous contraint à toujours plus de compétitivité, de désir de perfection, de peur de faillir, accentue notre perte de confiance et accroît la sensation de mystère et d’angoisse face au jugement d’autrui. « Que pense-t-il là maintenant quand je lui dis ça ? Me juge-t-il ? » sont des questions qui traversent l’esprit de chacun… Steven Berkoff appuie le trait et stigmatise nos peurs avec humour.
Les figures auxquelles il donne vie dans Kvetch sont comme transparentes : elles tiennent en parallèle un double discours et nous donnent à entendre après chaque parole dite à autrui, leurs pensées intérieures. Et l’on découvre des êtres irrésistiblement comiques car asphyxiés par les interdits, hilarants parce qu’engoncés dans leur peur de décevoir, de ne pas être à la hauteur, de ne pas plaire. Ils ne retrouvent une respiration vacillante que dans leurs questionnements intérieurs.
L’homme peut-il faire taire ce « gendarme intérieur » qui s’apparente au surmoi freudien, lentement et savamment édifié par l’éducation et la vie en société ? Quelle est la part de liberté de chacun face à son désir ? Chez Berkoff, l’homme est terriblement faible et incroyablement fort. Cela confère à sa vision du monde une force réjouissante et tonique, qui nous renvoie à nos responsabilités d’homme et de femme acteurs de nos destins.
Mélange baroque d'argot, de langage ordurier et de pure poésie, la langue de Berkoff explose d'érotisme, de cruauté et de lyrisme. Plus qu'une simple provocation, cette langue racle et fait exploser joyeusement nos préjugés. Par le rire, la pièce nous incite à nous rendre maître de tout ce qui dans nos vies renonce, cède à la morale, à la norme et à l'hypocrisie, à tout ce qui se résigne. C’est peut-être un curieux hymne à la vulnérabilité de l’homme.
Pour moi, Kvetch est un vaudeville et une tragédie shakespearienne, Berkoff, un Pinter qui aurait lu Pirandello… Par sa théâtralité originale, la pièce réussit à mêler ainsi politique et humour, dénonciation et sensualité. C’est une pièce qui parle du Théâtre et de la liberté folle du plateau, territoire de tous les possibles, de toutes les audaces, même de celle de dire avec les mots ce que les mots ne peuvent, et n’osent, au quotidien, formuler.

Sophie Lecarpentier

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