theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Kroum l'ectoplasme »

Kroum l'ectoplasme

+ d'infos sur le texte de Hanokh Levin traduit par Laurence Sendrowicz
mise en scène Leslie Mitéran

: Présentation

Ce qui m'attire, ce qui me frappe dans les comédies de Hanokh Levin, c'est cette sensation d'être toujours sur un fil entre la joie débordante et le désespoir fini, de rire et de pleurer en même temps. Plus encore avec les personnages de Kroum l'Ectoplasme : les traiter uniquement par l'humour et le second degré, ou prendre leurs innombrables malheurs et leur malchance maladive au pied de la lettre nous ferait perdre leur finesse. Mais entremêlons ces deux faces : rendons beau ce qu'ils ont de minable, drôles leurs ratages incessants, poétique leur inutilité essentielle, éprouvons de la tendresse pour eux... Ils deviennent alors terriblement humains, proches de nous.


Ce déséquilibre dans l'écriture de Hanokh Levin entre des situations dures reçues de plein fouet et l'humour décalé qui donne une conscience, une distance aux personnages sur leur propre condition est profondément théâtral : un lien particulier se crée entre la scène et la salle. Adresse directe et prise à parti des spectateurs par les acteurs d'un côté, empathie et complicité du public avec ceux qui racontent l'histoire de l'autre. J'aimerais que ce rapport acteurs-spectateurs soit présent dans la forme que prendra le spectacle.


Il n'y aura donc pas de coulisse, tout se fera à vue. Seront délimités sur le plateau un espace de jeu pour les personnages et tout autour un couloir : comme une rampe de lancement pour les comédiens, laissant apparaître toute la machinerie théâtrale (dont les changements pour les comédiens d'un personnage à un autre). L'espace autour du plateau de jeu sera aussi celui de la musique et des ambiances sonores, constitutives du spectacle. Tout sera joué, chanté et rythmé en direct par les comédiens.


Visuellement, nous tendrons vers quelque chose de printanier, mais printanier "raté" : fané, défraîchi. Le dispositif scénique nous permettra de jouer sur la verticalité, sur les différentes hauteurs du plateau, et de jouer certaines scènes dans des espaces très réduits, comme si les personnages vivaient les uns sur les autres... comme des oiseaux en cage.


Le théâtre de Hanokh Levin étant très politisé et ancré dans son temps, je me suis demandé pourquoi, n'étant ni Israélienne, ni même née dans les années 70, je me sentais à ce point touchée, directement concernée par le texte de Kroum l'Ectoplasme. Au fond, je crois que la sensation d'enlisement, le déploiement d'efforts immenses pour mettre en marche de grands espoirs sans faire bouger les choses d'un iota, cette envie de partir pour voir si la vie est plus belle loin de ce qu'on a toujours connu, ne pas réussir à partir, ou partir et revenir, en ayant rencontré les mêmes problèmes ailleurs... Tout cela résonne fort aujourd'hui, dans un contexte bien plus large que le cadre de l'époque et des frontières du pays où la pièce a été écrite. Il ne s'agira donc pas de le nier, mais de le prendre avec nous et de nous engager dans cette histoire qui pourrait tout aussi bien nous arriver, ici et maintenant.

Leslie Mitéran

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.