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Klaxon, trompettes... et pétarades

+ d'infos sur le texte de Dario Fo traduit par Marie-France Sidet
mise en scène Marc Prin

: Italie : Les Années noires, les Années rouges

16 mars 1978. Italie.


Depuis neuf ans, un mouvement social de grande ampleur secoue l'Italie. Quelques groupes sont déjà passés à la lutte armée. Après cette date vont commencer les "années de Plomb", ce que les historiens qualifieront de "guerre civile de basse intensité".


Aldo Moro fut Président du Conseil à cinq reprises, entre 1963 et 1976. En 1978, il est le chef de la Démocratie Chrétienne, et son parti est arrivé juste devant le Parti communiste italien d'Enrico Berlinguer aux dernières élections. En fait, les deux partis ont gagné. Sans une coalition entre les deux forces, le pays est ingouvernable.
Ce jour-là doit être signé le "Compromesso storico". Un compromis historique qui, même si le PCI se dissocie alors de l'URSS, est tout simplement impensable pour la majorité de la classe politique italienne.


Rosa : Aldo Moro ils l'ont laissé tranquillement aller à l'abattoir, tous d'accord pour le sacrifice. De la fermeté ! Et là, pour Agnelli, visez-moi cette pirouette... c'est dégueulasse !


Lucia : Exactement ! A plat ventre comme des limaces, tous autant qu'ils sont !


Le Sosie : Ils ne pouvaient pas me sacrifier... car je suis le pouvoir


Extraits de « Klaxon, trompettes... et pétarades » Dario Fo



Cinquante-cinq jours de prise d'otage et une exécution


Via Fani, en plein Rome, quelques heures avant la signature. Un commando de cinq membres tue les gardes du corps de Moro, qu'ils enlèvent. Les cinq sont des Brigades rouges, le plus connu des groupes d'extrême gauche de l'Italie en feu, qui exige, contre la libération de Moro, celle de treize des leurs. C'est le traumatisme. Giulio Andreotti succède à Aldo Moro. Il nomme à l'Intérieur le "Monsieur sécurité" de la Démocratie chrétienne, l'implacable Francesco Cossiga.


L'enlèvement d'Aldo Moro fera trembler l'Italie cinquante-cinq jours durant. Le 9 mai, son corps sans vie fut retrouvé dans le coffre d'une automobile, à Rome. Via certini... soit à mi-chemin des sièges de la DC et du PCI. Il a été exécuté par les Brigades rouges.


En fait, avant d'être exécuté, Moro avait été lâché. Par les siens. Durant toute sa détention, Moro écrit des lettres. A sa famille ; A ses compagnons de DC. Il les implore, de le libérer des Brigades rouges. Mais pour le gouvernement, tout comme d'ailleurs pour le PC, c'est impensable. Ses lettres sont fausses, pensent-ils. Négocier laisserait le champ libre aux communistes, pensent-ils surtout. Moro ira jusqu'à écrire au pape Paul VI. Mais, pour tous, le même constat : plutôt que les communistes, abandonner Moro.


Ce que la classe politique craint : que Moro révèle à ses ravisseurs les énormes intérêts que les Etats-Unis ont sur le sol transalpin. La plus importante base de l'Otan est là. Mais surtout, il y a cette structure secrète : Gladio. Une branche de l'armée italienne, entièrement vouée à une guerre secrète et sans merci contre le communisme.


Klaxons tompettes et pétarades


« C’est dans ce contexte qu’a lieu la première de la pièce, le 17 janvier 1981, au Cinema Teatro Cristallo de Milan. À l’issue de la représentation, un débat est organisé avec ceux des spectateurs qui souhaitent engager une discussion, commenter le spectacle, parler de leurs propres luttes – ces débats sont une constante dans le théâtre militant de la compagnie – et ce soir-là, Franca Rame, qui gère avec d’autres camarades l’organisation Soccorso Rosso Militante de Milan (organisation qui aide les militants détenus et leurs familles, mais aussi les militants licenciés ou des détenus de droit commun), donne la parole à trois femmes, parentes de détenus de la prison de Trani, dans les Pouilles. Elles montent sur le plateau et lisent un document qui n’est autre que la plainte qu’elles ont déposée contre le directeur de la prison, document dans lequel elles dénoncent les conditions d’incarcération, les passages à tabac et l’absence de soins aux blessés de la révolte du 29 décembre, très violemment réprimée par les forces spéciales de la Police, elles demandent qu’une « commission de journalistes et de médecins démocrates » aille enquêter à la prison de Trani pour en obtenir, à terme, la fermeture. Toute la presse, de la droite au parti communiste, s’empare de l’événement et se déchaîne. Dario Fo et Franca Rame sont accusés de « sympathiser avec les terroristes »… il y aura néanmoins cinquante représentations de Clacson, trombette e pernacchi »


Marie-France Sidet

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