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: De l’évidence feinte

Dans Kiss & Cry, la politique du trait appuyé et de l’illustration littérale jouent à plein : le paysage sonore créé par Dominique Warnier se fait contre-point de la narration « off » de Thomas Gunzig ; le texte fait écho à l’incongruité des rapports d’échelle et l’hétérogénéité des matériaux accentue le caractère irréel de la chorégraphie. Chorégraphie que vient porter une bande originale composite convoquant chanson, musique baroque et contemporaine.


Ici - est-il besoin de le dire ?- le naïf est assumé, revendiqué même : érigé en poésie primitive, celle des tâtonnements, de l’appréhension initiale des contours du monde qui prévaut à l’aube de l’existence, lors de la petite enfance. Une coloration que transmet remarquablement la prose poétique de Thomas Gunzig qui a su mettre sa plume au service de cette candeur feinte, de cette appréhension primale - de « bon sauvage » - des complexités du monde, de la nature et des hommes. Elle se délie tout en sobriété, se déroule avec linéarité, tel le fil narratif qui nous guide dans cette quête au travers des brumes de la mémoire.


Feignant d’emprunter les chemins de l’évidence, la pièce finit par nous atteindre de la façon la plus subtile, comme à retardement. Kiss & Cry est une petite bombe à fragmentation artisanale, faite avec les moyens du bord mais dont la douce déflagration fait vaciller nos certitudes quant aux canons de la représentation théâtrale ou cinématographique.

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