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Richard II


: Note d'intention

Genèse
Ma passion pour l’œuvre de Shakespeare m’a été révélée par l’une de mes professeurs au Conservatoire National Supérieur de Paris, Cécile Garcia-Fogel. Le travail mené à ses côtés, sur des œuvres comme Mesure pour Mesure, Comme il vous plaira et précisément Richard II, a cristallisé à la fois mon imaginaire d’enfant, ma passion pour la direction d’acteur, pour la musique sacrée et a confirmé mon souhait de raconter des histoires. Pour moi, il y a un avant et un après Shakespeare car, sans le savoir à l’époque, cette rencontre a structuré une démarche artistique où le travail de l’acteur est au centre de la création et dans laquelle la musique est un partenaire capital. Ma démarche d’acteur, de musicien et in-fine de concepteur, est née de cette rencontre. Ainsi, Richard II a été un tel bouleversement artistique et personnel que sa création m’apparaît aujourd’hui comme une nécessité.


Le Collectif
Pas d’acteurs, pas de théâtre. Le processus de création de Richard II comprend un principe fondamental qui place le collectif artistique au centre. C’est la ligne du Collectif Eudaimonia. Dans un premier temps, le travail de recherche dramaturgique est nécessaire pour appréhender les lignes de tensions, les enjeux, les situations, les objectifs, l’espace de jeu. Et, dans un second temps, c’est aux acteurs de s’emparer de ce matériau pour le rendre vivant. Voilà le sens des répétitions. L’objectif : leur donner les moyens de rendre signifiant ce monde complexe par des actions simples. Nous tendons vers un théâtre qui vise une certaine forme de virtuosité, où la complexité se mêle à la simplicité, où l’exécution se mêle à l’interprétation, où l’exigence professionnelle de l’acteur face à son texte est égale à celle du musicien face à sa partition.


Parcours d’acteurs
Richard II comprend une trentaine de rôles dans sa version originale. Ici, nous avons adapté l’œuvre pour qu’elle soit jouée par sept interprètes. C’est un choix délibéré et mûrement réfléchi. Certains acteurs n’auront qu’une seule partition, comme Richard par exemple, et d’autres auront une partition composée de plusieurs rôles. L’ensemble de l’équipe aura donc à défendre un parcours équivalent en taille au sein du spectacle, permettant ainsi de créer une solidarité très forte au sein de l’équipe. Cette forme de contrainte, souvent nécessaire et source d’originalité, amène l’ensemble des concepteurs du spectacle à attaquer la pièce de manière créative, à travers ce que nous jugeons de plus important : sa force dramatique.


Rapport scène-salle
Richard II est une pièce historique. Comme à son habitude, Shakespeare a pris des libertés avec certains passages de l’Histoire, afin d’accélérer le récit, de le rendre plus intense et plus captivant. On pourrait dire qu’il a théâtralisé l’histoire d’Angleterre tout en amplifiant sa force dramatique. Dans le but de conserver et d’exploiter cette force et qu’elle puisse être reçue par un public français d’aujourd’hui, il nous paraît fondamental de penser un rapport actif entre la scène et la salle. Les évènements qui surviennent dans Richard II sont très souvent liés au peuple. Richard, le roi, et Bolingbroke, son ennemi, ont des partisans qui seront les témoins privilégiés de l’histoire, au même titre que doivent l’être les spectateurs. Ainsi, le public sera invité à sortir de son écoute habituellement passive pour embrasser une destinée active et prendre place au cœur des événements. La scénographie sera aussi pensée à cet effet. Elle fera varier les niveaux de proximité des acteurs au public, allant même jusqu’à les confondre parfois.


Filiation
D’un simple regard, Richard II raconte l’histoire d’un homme qui prend la place d’un autre entraînant ainsi sa chute et sa dépossession. C’est aussi une histoire de familles : tous les enjeux des protagonistes, bien que royaux et aristocrates, les ramènent à leur dimension humaine. Ainsi, ils éprouvent les joies de l’amitié, la passion amoureuse, l’injustice de l’exil, la colère de la trahison, la douleur du deuil ou la tristesse de la séparation.
« Je mange du pain, comme vous, je ressens le manque, je souffre la douleur et j’ai besoin d’amis... » nous rappelle le roi Richard. Humanité et filiation : voilà deux fondements pour le travail de l’acteur autant que pour les émotions du spectateur. Ce qui doit aboutir, pour les acteurs, à un rapport concret au plateau. Quant aux spectateurs, ils pourront comprendre les événements dont ils sont les témoins.


Les éléments
Richard II est une œuvre lyrique, poétique et bouleversante. Elle renferme un univers symbolique très puissant qui embrasse la vie des personnages. Ainsi, la mise en scène s’emparera de ces symboles : le sang, l’eau, l’air, la terre, le feu, en déployant leur portée théâtrale. Ces éléments naturels sont très souvent utilisés comme métaphores et renforcent considérablement le caractère sacré de l’œuvre. En plus du travail capital de la direction d’acteur, il nous semble fondamental d’aborder la pièce par cet angle car il permet de plonger le spectateur dans un monde poétique et vibrant. Ces deux principes du travail de mise en scène ont vocation à dialoguer et à fusionner selon les situations. Le but : créer des images puissantes qui naissent du texte et de la pensée des acteurs et qui viennent sublimer leur présence au plateau.

Guillaume Séverac-Schmitz

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