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Accueil de « Kabaret Warszawski (Cabaret Varsovie) »

: Présentation

À nouveaux lieux de représentation, nouvelles formes. Pour l'ouverture contre vents et marée de son lieu de création, le Nowy Teatr à Varsovie, Krzysztof Warlikowski a voulu imaginer un spectacle qui l'oblige à sortir de ses habitudes pour questionner autrement le théâtre d'aujourd'hui et, à travers lui, porter la parole des artistes oeuvrant dans un monde en plein bouleversement. Le choix du cabaret, comme forme de représentation et lieu de rassemblement, n'est pas innocent. Sur son nom, il réunit l'idée de liberté, de fragilité, l'idée de rencontre, de partage, l'idée d'une alliance forte entre paroles et notes de musique, corps dansant et corps chantant. Pour le metteur en scène polonais, il est le dernier refuge pour ceux qui refusent le trop grand poids des normes, qu'elles soient sociales ou esthétiques, pour ceux qui revendiquent la marge, pour ceux qui cherchent et inventent sans certitude de réussite. Lieu menacé car synonyme de résistance, le cabaret est aussi un espace traversé par les petites histoires d'hommes et la grande Histoire du monde, un lieu d'échos où le passé côtoie allégrement le présent. Pour constituer son propre cabaret, qui sera, tel un symbole, présenté dans la salle de la nouvelle fabrique théâtrale du Festival d'Avignon, Krzysztof Warlikowski s'est appuyé principalement sur deux oeuvres traversées par la même problématique : la pièce de John Van Druten, I Am a Camera, et le film de John Cameron Mitchell, Shortbus. Deux oeuvres qui s'inscrivent dans une période violente de l'Histoire : la montée du nazisme en Allemagne pour le premier, l'après 11-Septembre 2001 à New York pour le second. Deux moments de crises, de doutes, où les peurs enfouies et refoulées se libèrent et génèrent en retour une normalisation qui vise à les étouffer. Dans le spectacle imaginé par la troupe du Nowy Teatr comme le portrait d'un groupe d'artistes en résistance, les comportements se libèrent, la parole s'échange et s'adresse directement au public puisqu'au cabaret, le quatrième mur du théâtre s'est effacé. Contre le danger de l'uniformisation de la pensée, l'art est ici revendiqué comme un remède, même si ce remède peut coûter cher aux artistes, qui, par leur pratique, peuvent se retrouver isolés, ghettoïsés ou pire s'auto-enfermer. Entre pamphlet politique, brûlot philosophico-artistique et joyeux tour de chant, ce cabaret voulu comme « varsovien » débordera de ses frontières géographiques pour nous confronter à un monde uniformément aliénant et nous obliger à nous questionner sur ce que « liberté » peut encore signifier.

Jean-François Perrier

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