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Juste la fin du monde

+ d'infos sur le texte de Jean-Luc Lagarce

: Présentation

L’histoire d’un homme, de retour chez lui, dans sa famille, après de longues années d’absence, « pour annoncer, dire, seulement dire » sa mort prochaine. Jean-Luc Lagarce fait alors exploser le non-dit familial. Acérée, acerbe, drôle et nécessaire, la parole se libère le temps d’un retour, le retour de Louis.

Rien, ici, ne se dit facilement !


Au départ, il y a, Louis, dans la force de l’âge à qui il ne reste plus qu’un an à vivre. Confronté à cette réalité, il décide de retourner auprès des siens pour essayer de leur dire, seulement de leur dire sa mort prochaine et irrémédiable.


Mais comment trouver les mots quand on est parti adolescent pour vivre sa vie loin d’eux ? Comment retrouver le chemin des siens quand on a seulement laissé le silence combler la béance laissée par l’absence ?


Alors certes, dans cette famille, il y a de l’amour : l’amour d’une mère pour ces 3 enfants enfin réunis, l’amour parfois brutal entre frères et sœur et surtout l’amour atavique des gestes simples du quotidien autour du dîner dominical.


Il y a donc, à la base, la volonté pour Louis d’essayer de dire l’indicible. Mais, il y a aussi très vite, l’envie et le besoin pour tous de verbaliser la masse des choses qu’on ne s’est pas dites depuis tout ce temps. Mais comment retrouver la réalité de l’autre quand on s’est perdu si longtemps dans ses rêves avec juste une poignée de souvenirs et quelques images ?


« Juste la Fin du Monde », c’est donc cet effort permanent de chacun pour chercher à verbaliser son monde intérieur. Cet effort apparaît comme l’unique chemin pour reconnaître un fils devenu inconnu à force d’absence, pour retrouver un frère, souvent envié et tellement rêvé.


Il y a dans l’écriture de Lagarce, le style nerveux, sinueux et répétitif de ces idées, si souvent rêvées, tellement ancrées au fond de notre esprit qu’elles refusent de sortir facilement. On croit les posséder, on vit avec, mais au moment de les mettre en mots, elles se refusent à nous. Ce seront alors des phrases bancales, expulsées avec difficulté et jetées en pâture. Une fois verbalisées, elle se frayent cahin-caha un chemin vers l’autre. La phrase, bute, achoppe, se relève, recommence, contourne. Elle s’ajuste, se répète, se complète et s’affine.


Chez Lagarce, chaque phrase est un coup de ciseau dans le bois d’une émotion brute. Le verbe est aiguisé, il dégrossit, il incise. Il est maladroit, parfois, il fait mal, souvent. Mais, il y a une beauté violente dans cet effort permanent pour atteindre le coeur universel de nos émotions. De celles assurément qui charpentent le quotidien de nos liens familiaux.


Devant la masse des non-dits accumulés par l’absence et qui fusent, quelle place restera il à Louis pour juste exprimer la fin de son monde ?

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