: Note d’intentions
Créer un opéra contemporain à l’intention des publics d’enfants est
une aventure artistique trop rare sur les scènes françaises pour qu’elle
n’éveille pas aussitôt le désir de réussir et un sentiment particulier
de responsabilité. Jérémy Fisher conjugue plusieurs atouts.
Un texte de théâtre contemporain devenu livret d’opéra, une création
musicale contemporaine, une formation inédite : solistes, choeur
d’enfants et quatuor. Mais il y a plus sur le fond.
D’abord, le propos de Mohamed Rouabhi qui dédie Jérémy Fisher
aux enfants seuls ou qui le deviendront un jour et raconte la métamorphose
d’un enfant qui veut aller jusqu’au bout de ses rêves. Dans
son parcours, l’accompagnent des parents intelligents et aimants,
capables de surmonter leurs souffrances. Conte moderne et poétique
aux résonances multiples, Jérémy Fisher se présente comme une
autobiographie symbolique qui s’appuie sur le quotidien des gens
ordinaires pour s’élever jusqu’à l’universelle humanité. Ici, pas de
personnages d’ambition et de pouvoir, pas d’intrigue bourgeoise
ou aristocratique, mais, pour une fois à l’opéra, des personnages
humbles, proches de nous, attachants par leur soif de connaissances
et leurs désir de transmettre.
Ensuite, la musique d’Isabelle Aboulker qui dédie sa partition à
l’amour des mots écrits par Mohamed Rouabhi et qui, du coup,
multiplie dans une partition ouverte et cohérente, les références
aux écritures contemporaines. Avec une délicatesse inventive, la
musique de Jérémy Fisher propose un riche parcours opératique,
s’attachant en permanence à la beauté du langage, à la générosité
des voix d’adultes et d’enfants. Tour à tour émouvante et humoristique,
passant avec virtuosité d’une valse lente à un air plus jazzy,
des ardeurs d’un récit épique à l’émotion poignante d’un duo, la
composition musicale de Jérémy Fisher s’accorde parfaitement aux
épisodes vibrants qui construisent les étapes du destin de Jérémy.
Enfin la mise en images scéniques que je propose avec la complicité
de la scénographie et des costumes de Danièle Rozier et des
lumières de Sandie Charron. Bouleversé par l’histoire de Jérémy où
la mort rôde en permanence, je vous invite à découvrir un spectacle
de théâtre musical où se sont imposées à moi des exigences de
limpidité et de poésie. Vouloir vous faire vibrer à travers les situations
dramatiques qui exposent la singulière destinée d’un enfant différent
impose d’échapper à toute démonstration, à toute emphase, à toute
mièvrerie. Les personnages, attachants, drôles, inquiétants, que
vous verrez, vous sont familiers. La destinée de Jérémy n’est pas
fabuleuse. Sa force réside dans le désir d’un enfant d’aller jusqu’au
bout de ce qui peut – mais pour combien de temps – enchanter sa
jeune vie.
Michel Dieuaide
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