Anna et Otto Quangel ont réellement existé. Cela est d'autant plus poignant. Ce n'est pas une histoire comme tant d'autres, et j'ai souhaité la mettre en scène et jouer moi-même Anna Quangel.
Il s'agit de rendre palpable cette petite vie des Quangel qui aurait dû être sans histoire et que rien ne destinait à un destin courageux et tragique.
La pièce se passe principalement dans la cuisine du couple et dans le bureau du commissaire. Je souhaite que les différents lieux de l'action soient évoqués de manière très simple et symbolique. Donc pas de réalisme. Une simple table de cuisine qui deviendra, une fois débarrassée de sa toile cirée, le bureau du commissaire. De même en ce qui concerne les costumes des années 40, ils devront signifier clairement la saison et le moment où l'action à lieu. Celle-ci se déroulant sur deux ans.
Il s'agit de recréer l'atmosphère visuelle et plus particulièrement sonore de l'année 1940 à Berlin. Diffusion de discours conquérants, (c'est la victoire sur la France) de chansonnettes, de musiques sirupeuses qui viennent des autres appartements et auxquels on ne peut échapper. Il me faudra créer une atmosphère pesante qui au cours de la pièce deviendra de plus en plus angoissante.
La direction d'acteurs est essentielle et je compte m'y consacrer en priorité. L'équipe que j'ai réunie travaille avec moi depuis plusieurs années. Ce sont des comédiens remarquables et qui sont capables d'entrer avec talent dans cet univers émouvant fait de petites choses quotidiennes. Pas de patos donc, la vie du couple, simple et sans discours.
Des cartons comportant des textes annonçant le contenu des scènes seront projetés. Ils serviront de transition entre ces morceaux de vie et permettront de se situer dans le déroulé des scènes. Ceci me semble nécessaire pour comprendre l'action. La résistance des Quangel durera deux années. Il est donc important d'alimenter l'imaginaire des spectateurs par des extraits courts des actualités allemandes de l'époque.

Claudia Morin