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Jeanne

+ d'infos sur l'adaptation de Bertrand Sinapi ,
mise en scène Bertrand Sinapi

: Scénographie

« La cave, la maison, la mort, sont au piano. Jeanne renaît. Le rêve oscille. Elle tâtonne au mur, elle avance en chantant.
It’s for ever
Les cimetières brûlent
Tout à l’heure, les murs autour se déferont »
Nicolas Genka, Jeanne la pudeur, p.36


Nicolas Genka ancre son récit dans un petit village de la campagne française. Dans cet univers trompeusement réaliste où on entend parler murs, oiseaux et maison, cette capacité des « choses » à discourir n’est pas vécue comme un événement mais comme le murmure incessant et naturel de l’environnement. Une féerie se fait jour, à la double portée initiatique et poétique, proche des contes populaires, fantasques et cruels, tels ceux de Grimm.


Cependant cette féerie est en même temps campée dans un milieu oppressant, sombre et vacillant. Le rapport bi-frontal dans lequel est installé le public, au plus près des comédiens, de leurs respirations, projette les spectateurs dans l’intimité des personnages, dans ce milieu qui suinte doucement la peur de l’autre, imprégnant tout, mais où naissent des moments de grâce.


Le décor évolue, se déconstruit au fil de la représentation. Au début du spectacle, le public fait face à une boite au travers de laquelle il devine des silhouettes. Peu à peu, cet espace clos se défeuille, les cloisons se défont, s’écroulent, découvrant les comédiens. Le public immobile, témoin de cette narration, devant s’efforcer de voir quelque chose au début du spectacle, puis se voyant imposer l’éclatante révélation du drame au coeur duquel se tient Jeanne, par cette proximité à l’action, est installé de telle sorte qu’il accompagne en fait Jeanne le long de son supplice.


Cette dégradation de l’univers correspond à celle de la maison de Jeanne ainsi qu’à celle de son corps, de son mental. Chacun lutte pour se réapproprier cet espace qui semble avoir une vie autonome. Madèle nettoie , range sans cesse, empêchée par l’eau noirâtre qui s’infiltre du sol. Le curé se perd dans ce monde qu’il ne reconnaît plus. Jean attend le moment d’agir, le temps le guide dans l’acceptation de son acte nécessaire.


Les comédiens sont présents sur le plateau en permanence, chacun s’observe, se jauge. Jeanne erre sensible aux sons, à l’espace sans parvenir à le saisir, Jean épie Jeanne et rassemble ses souvenirs épars, le curé guette Jean, et Madèle la bonne espionne et condamne le curé dans son admiration pour cet homme étrange. Les jeux de regard des uns sur les autres, la présence fantomatique de Jeanne et de Madèle densifient l’atmosphère. Chacun sent qu’un évènement se prépare, tous attendent et redoutent cet acte qui viendra les bouleverser.

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