Une histoire en particulier vous a-t-elle donné envie de dérouler le fil des histoires ?
Peut-être que tout commence avec ma passion pour « L’Histoire sans fin  » ... Le titre était programmatique. Je n’en suis toujours pas sortie...

Les histoires qui nous entourent, avec lesquelles nous vivons, ont-elles quelque chose en commun ?
La chose la plus commune dans les histoires qui nous entourent, c’est le héros. Une bonne histoire est portée par un héros, et le héros agit... C’est un héritage très ancien... L’autrice américaine Ursula Le Guin le fait même remonter aux peintures rupestres.

Êtes-vous une historienne des histoires ? Une comédienne ou une conteuse ?
J’ai envie d’être tout cela, et puis je suis une romancière et une lectrice, ce qui veut dire que j’ai toujours passé une bonne partie de ma vie dans la fiction. J’en suis pétrie. C’est aussi ce que je veux raconter.
Pourquoi avons-nous tellement besoin d’histoires ?
Parce que la part de « réel  » que nous rencontrons sans la médiation du langage est minuscule par rapport à ce qui existe. Alors il faut raconter, pour les autres, pour que les savoirs s’additionnent, se transmettent, pour qu’un ailleurs existe, pour se désengluer de ce qui ne serait, sans récit, qu’une pâte informe...

Sur scène, que voulez-vous faire ? Que venez-vous faire ? Une performance, une conférence ? Un « seule en scène » ?
Une forme hybride... Quelque chose qui tienne de la conférence pour le partage de savoir, qui tienne du « seule en scène » pour le caractère joyeux, ludique, et qui finira par être une performance pour moi, de toutes façons, puisqu’à tant raconter, expliquer, montrer et bondir - dans les phrases, évidemment, je ne bondis pas physiquement, je ne suis pas quelqu’un de bondissant, je finis épuisée !

Est-ce que cette recherche, cette enquête, a remis en cause votre statut ou vos convictions de romancière, de créatrice d’histoires ?
Eh bien non. J’aimerais bien vous parler d’une sourde tectonique des plaques mais rien n’arrive, encore, à ma connaissance...

• Propos recueillis par Pierre Notte pour le théâtre du Rond-Point