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Je me méfie de l'homme occidental (encore plus quand il est de gauche)

+ d'infos sur le texte de Jérôme Richer
mise en scène Jérôme Richer

: Questions à Jérôme Richer

Tu te méfies vraiment de l’homme occidental ?


Ce titre est plus une provocation qu’autre chose. Disons que la méfiance est une posture qui me permet de garder une distance critique vis-à-vis de mes semblables et surtout vis-à-vis de moi même. C’est la volonté de ne pas s’enfermer dans des certitudes trop absolues, de garder une pensée en mouvement.


Comment as-tu procédé pour l’écriture du texte ?


Dans le cadre de la résidence de la Compagnie des Ombres au Théâtre Saint Gervais, nous avons fait deux sessions de travail autour de la thématique du spectacle. Dans la première, je suis arrivé avec pratiquement une trentaine de textes courts qu’il me semblait intéressant de développer. Nous les avons lus, discutés, commentés. De cette première session, il est sorti un choix d’une quinzaine de textes que nous avons mis en chantier début décembre 2010. A l’issue d’une présentation publique de cette étape de travail le 4 décembre, il est resté douze textes. Dix sont de moi, un est de Julie Gilbert et l’autre d’Antoinette Rychner, deux auteurs avec qui je me sens beaucoup d’affinités. L’essentiel pour moi dans les différentes étapes de réécriture était d’arriver à une certaine forme d’épure, d’être au plus prêt de ce que je voulais dire, dans une volonté d’absolu sincérité.


Crois-tu vraiment qu’on peut être sincère au théâtre ?


C’est en tout cas ce que j’espère. Je veux dire que l’idée pour moi est de ne pas tricher avec le spectateur. Après évidemment je pense que la sincérité est un leurre. Disons que j’ai voulu éviter de jouer à l’auteur et plutôt me concentrer sur le moi intime.


Comment s’organise le spectacle ?


Il est divisé en deux parties. La première suit le destin d’une call-girl qui a été au cœur de la crise financière de 2008. C’est donc inspiré d’une histoire vraie. Dans la forme, c’est une sorte d’oratorio pris en charge par les comédiens masculins du spectacle. Andrès Garcia qui est en charge de la musique a composé une partition de 18 minutes pour ce texte. Daniel Cousido, le vidéaste, s’est lui chargé des images. La deuxième partie est plus centrée sur moi et sur mes proches, sur cette tentative d’autofiction au théâtre. Les deux parties se répondent puisqu’elles ont des thématiques similaires : jeu sur le statut acteur/spectateur, sur le vrai/le faux, le rôle social et le moi intime. J’ai souhaité faire entendre différentes langues dans le spectacle. Comme les comédiens sont d’origines diverses, il y a des textes en anglais, en espagnol et en arabe en plus du français. Ça répond à ma volonté d’ouvrir des espaces de sens différents car une langue, c’est aussi une structuration spécifique de la pensée.


Comment se déroulent les répétitions ?


Comme toujours avec la Compagnie des Ombres, c’est un vrai travail de troupe avec l’acteur qui est placé au centre. J’essaie d’impliquer au maximum l’équipe dans la construction du spectacle. Je me nourris des propositions de tout le monde. C’est une démarche très ouverte qui laisse de la place au hasard, à la surprise. Sur le plateau, c’est une équipe un peu plus réduite que pour mes précédents spectacles puisqu’ils ne sont que quatre. Pour la première fois, j’ai l’impression de pouvoir aller au cœur de ma préoccupation théâtrale qui pourrait se résumer de la manière suivante : Comment donner les moyens à l’acteur d’être pleinement dans l’instant quand il joue et non pas dans la simple répétition. C’est un travail très exigeant pour l’acteur qui doit accepter de se mettre en danger. De ne pas vivre sur ses acquis. C’est le principe du funambule sur un fil. A chaque instant, il peut tomber. C’est ce qui a mon sens fait la beauté du théâtre. Cette possibilité d’être pleinement dans l’instant. D’être acteur de sa vie et non pas simple spectateur. C’est l’ambition principale de ce spectacle finalement. Ce sur quoi nous nous concentrons. Le travail de toute une vie.

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