theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Jackie »

Jackie

mise en scène Anne Théron

: Une mise en scène

Dès que j’ai eu connaissance de ce texte, j’ai eu envie de le monter. Parce qu’il est drôle, atrocement drôle. Parce qu’il est d’une telle force qu’il peut être chuchoté, comme on murmure les pires atrocités. Parce qu’il est faussement futile. Bref, parce qu’il dénonce un ordre obscène qui n’a pas changé. Et donc, parce que plus que jamais, il faut le donner à entendre.


Description d’une famille, on pourrait même dire d’un gang, au pouvoir. Et qui dit gang signifi e abus de pouvoir. A sa tête, un homme, John Kennedy, dont le meurtre a fait un martyr. Il semble que l’homme ne soit pas tout à fait conforme à l’icône que l’histoire a fabriquée. Obsédé sexuel, malade, drogué, voilà en creux le portrait d’un président qui avait le droit et la responsabilité d’appuyer sur le bouton de l’arme atomique.
Description également du rapport politique homme/femme, qui n’a pas beaucoup évolué non plus. Cela dans la bouche d’une femme qui ne se présente pas en victime mais en metteur en scène de sa propre existence ou plutôt de sa propre personne. Avec un discours souvent caricatural qui accuse en feignant d’adhérer à l’asservissement exigé.


Tout de suite, il m’a semblé évident que ce serait un spectacle pour une comédienne et une danseuse. Il est toujours délicat d’expliquer ce qui relève de l’intuition. Je dirai seulement que ce tandem propose une femme et son image, une image qu’elle va créer, éduquer et discipliner jusqu’à disparaître derrière. Entre la femme et son avatar, c’est l’avatar qui prendra le pouvoir. La femme, elle, s’est noyée.


Depuis ses débuts, la compagnie travaille sur la parole et le corps en mouvement. Dans ses derniers objets, elle a invité des danseurs à se mêler aux comédiens, et j’ai signé Abattoir avec Claire Servant, chorégraphe qui signera avec moi ce nouvel objet. Ce ne sera donc pas une approche nouvelle. Néanmoins, c’est un spectacle qui sera en rupture avec ceux qui l’ont précédé, articulés sur des scénographies très esthétiques. Ici, l’ambition est de travailler une écriture de plateau, où la parole, le corps, le son et la lumière fabriquent l’ambiance générale.
Le travail sur le son et l’image sera prépondérant. Le spectateur doit se perdre lui aussi dans ces images où très vite on ne distingue plus la femme de son avatar. Projections sur un cyclo géant, couches successives qui aspirent l’oeil, la mise en scène est au service du vertige que déclenche cette parole qui relève quasiment de la cure analytique. Il ne s’agit pas de comprendre mais de sombrer avec le personnage au fi l des boucles sonores, visuelles et chorégraphiques.


C’est donc une danse macabre et drôle, où la parole d’une femme résonne jusqu’à son épuisement.

Anne Théron

septembre 2009

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.