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J'existe (foutez-moi la paix)

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mise en scène Pierre Notte

: Entretien avec Pierre Notte

Le titre du spectacle exprime un certain ras-le-bol. D’où ça vient ?


Pierre Notte : Ce n’est pas un ras-le-bol, c’est une affirmation définitive, légère, et plutôt heureuse. Le spectacle est né du sentiment d’absence de légitimité ; une absence de légitimité partout. C’est le manque et la peur de n’être jamais et nulle part légitime à sa place. Trouver sa place dans le monde et parmi les autres devient alors un problème récurrent. Peut-on devenir quelqu’un et trouver sa place sans avoir à rendre des comptes sans cesse ? Peut-on exister sans avoir à se justifier sans cesse de ce qu’on est ou de tout ce qu’on n’est pas ?
Pourquoi est-il si difficile de n'être personne ? ou d'être seulement quelqu'un sans vouloir toujours être un autre ? Pourquoi se fuit-on ? À quoi bon suivre la voie du moine shaolin Petit Scarabée si c'est pour finir comme David Carradine ?


C’est du théâtre chanté. Vous avez voulu faire un spectacle de cabaret ?


P. N. : Nous voulons livrer un hommage amoureux aux cabarets déglingués, aux genres un peu approximatifs. J’aime le rapport de séduction immédiate et franche, maladroit, que l’on trouve dans le cabaret, son côté putassier et branlant. Il y a une volonté de légèreté, mais elle se travaille au marteau. Marie Notte interprète le personnage de notre petite quête initiatique. J’en suis le narrateur. Tout se fait en dialogues, en surprises et en chansonnettes. Elles-mêmes sont des poèmes qui n’ont pas réussi. Nous avançons par tableaux. Le personnage de Marie veut être Catherine Deneuve, mais la place est déjà prise. Alors elle pense à la mort, ou à la prostitution, puis voyage dans le temps, cherche l’amour, rencontre Jean-Paul Sartre qui veut l’appeler Simone, envoie bouler Heiner Müller ou Marguerite Duras… Marie a une grâce exceptionnelle, mais ce qui l’amuse le plus, c’est d’entrer en scène et de tomber. Nous aimons la grâce quand elle est faillible, quand elle chute, dérape.


Vous êtes frère et soeur. Cela fait longtemps que vous faites du théâtre ensemble ?


P. N. : Marie a exactement dix ans de moins que moi. Nous avons toujours chanté, cela a toujours été notre moyen d’être ensemble, notre refuge. Elle comme moi nous avons cherché notre place un peu partout. Chacun à sa manière, avec ses désastres, ses erreurs. Chanter ensemble est devenu l’une des seules places un peu sereine que nous ayons trouvée. Nous avons chanté à L’Européen, au cabaret des Étoiles, aux Déchargeurs, ou à Tokyo, où nous allons chanté tous les ans ! Marie a eu un mal de chien à trouver sa voie dans l’espace social ; elle a trouvé sa voix sur scène, et elle est claire, forte, belle. Enfant, j’étais quasiment aphone, muet, sans voix et sans parole. J’ai trouvé ma petite place au piano, je composais et j’écrivais. À nous deux, nous avons fini par trouver notre moyen d’exister.

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