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J'espère ne pas me perdre d'ici ce soir

+ d'infos sur le texte de Nicolas Richard
mise en scène Agathe Bosch

: Une vie en apesanteur

Dans ce texte, partir, marcher, marcher encore, se consumer, marcher à en flinguer ses pieds, à tressaillir, à croire, pleurer, en rire, puisque c'est ridicule de marcher comme ça, vers quoi ?


Puisque chaque fois, ce qu'elle y trouve, c'est elle.
inlassablement multiple, mais identique.


Elle qui veut s'éloigner mais se rapproche pour se perdre, se dissoudre.


La gueule ouverte, à peine a-t-elle le temps de se dire « ça y est, je suis partie » qu'elle est arrivée, que le boomerang lui revient en pleine bouche, souvenirs coups-durs, manques, joie, exaltation, peine… Fatigue, fatigue, fatigue.


Finalement, est-elle vraiment partie en Espagne ?


Il n'y a donc plus d'espace, ni de temporalité, on pourrait alors le jouer partout, donner sens et vie au souffle de ce texte, en s'arc-boutant sur cette seule projection, que l'on n'est nulle part, donc partout.


Un non lieu où tous mes fantasmes de cette femme seraient tangibles.


Je veux un portrait affranchi, déroutant et brûlant, dégueulasse et beau, comme la misère et la poisse peuvent vous rendre médiocre et répugnant, mais comme peuvent être bouleversantes et splendides les forces déployées pour se sentir vivant.


Il y a Monique Lucas, comme une évidence, comédienne à vif.


Mordre le plateau avec et contre elle. travailler l'actrice à l'os, chercher les muscles. pousser, rompre et reconstituer, convoquer les béances, les impossibilités, ficelées dans nos paquets de viandes, les bras cois face à l'horizon.


Dans les silences à perte de vue…


Dans les mots, ceux de Nicolas Richard, entêtés, trébuchants, sensuels, orgueilleux, humbles et aimants, il y a mes obsessions : le vertige, la fugue, l'oubli, le chemin parcouru, le corps, l'autre et cette chose que décidément on est seul dans sa tête…


Je crois qu'on fait des spectacles avec les questions qu'on se pose, au fond. avec ces questions qui n'ont pas de réponse, et dont l'objectif ne serait pas la résolution, mais le ressassement infini…

Agathe Bosch

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