Dans un pays qui nomme une partie de sa jeunesse, « les enfants de l’immigration », la plaçant ainsi à sa marge,

Dans un pays qui a recourt au CV anonyme, parce que votre nom ou votre adresse vous stigmatise autant que la couleur de votre peau,

Dans un pays qui accepte qu’un représentant des forces de l’Ordre appelle un jeune homme « bamboula », parce que « bamboula c’est à peu près convenable »,

Dans un pays où les matraques dérapent,

Dans un pays où des lois qui rendront le quotidien des plus démunis encore plus compliqué passent en force,

Dans un pays où un tout petit bonhomme blanc assure que « l’Afrique n’est pas assez rentrée dans l’Histoire » pendant qu’un autre, à peine plus grand, explique à des chômeurs que « le meilleur moyen de se payer un costard c’est de travailler »,

Dans un pays où certains d’entre nous, persuadés que celui qui touche 300€ d’aide publique est un ignoble profiteur, succombent aux sirènes fascistes et deviennent des monstres,

Dans un pays où certains d’entre nous, anéantis par la misère intellectuelle, abandonnés de tous, brisés par la prison, cèdent aux sirènes de sectes religieuses brutales pour devenir les mêmes monstres que les autres,

Dans un pays qui place le Front National au second tour des ses élections présidentielles, « J’appelle mes frères » à toute sa place. Parce que « J’appelle mes frères » nous parle des invisibles, le plus grand nombre, ceux qui se battent en silence, courageusement, refusant de sombrer dans le désespoir, même au plus fort de la tempête,

Ceux qui veulent, coûte que coûte, que nous vivions ensemble.

À ceux-là, « J’appelle mes frères » donne une voix, nous la ferons entendre.

Ludovic Pacot-Grivel