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: Note d’intention de Jean-Louis Martinelli

Ithaque ou le retour d’Ulysse


Ithaque de Botho Strauss ou le retour d’Ulysse puisque en effet, Botho Strauss fait pièce des derniers chants de l’Odyssée, du retour au point de départ de cet homme qui parti vingt ans plus tôt avec réticence à la guerre de Troie, et qui n’en finit plus de ne pas pouvoir rentrer, et devra tout mettre en oeuvre pour reconquérir sa place.


Errance de dix ans, qui donne son nom à l’oeuvre : l’Odyssée. Ithaque est donc l’histoire du plus humain des héros grecs, du parcours de survie de celui qui, grâce à des ruses successives, a pu rester en vie et prétendre encore accéder au bonheur. Achille, Hector n’ont pas fait de pari sur l’avenir. Ils sont allés au sacrifice, ont récolté la gloire ; ce qui n’est pas le cas d’Ulysse, le prudent, le rusé, l’éloquent, condamné à un retour sans fin. Mais Ithaque, c’est aussi l’histoire d’une femme, Pénélope la fidèle qui, vingt ans durant, a attendu le retour de l’homme, usant elle aussi de ruses. Elle a su résister à l’arrogance des prétendants et, à défaut de pouvoir les empêcher de dilapider les biens de la maison, ne s’est donnée à aucun, espérant toujours secrètement l’arrivée d’Ulysse, père de Télémaque. Lequel, semble commencer à trouver le temps long et se verrait d’ailleurs bien occuper la place de son père à la recherche duquel il se lance, ou du moins à la recherche d’une preuve de sa mort.


Cependant, avec Botho Strauss, nous glissons du monde d’Homère à aujourd’hui. Il est donc fondamental de se ressouvenir qu’avec l’Odyssée nous sommes en présence du premier grand récit d’avant « la cité ». Les règles de ce monde diffèrent certes de celles du monde contemporain, mais il demeure particulièrement éclairant sur les comportements de l’homme d’aujourd’hui. Sans nous chercher à travers ce texte, il nous questionne à chaque ligne.


Combien d’individus obnubilés par la réussite sont-ils prêts à toutes les ruses, à travestir la réalité, à user de tous les ressorts du langage afin d’arriver à leurs fins ? La quête du juste et du vrai n’a-telle pas fui le coeur des débats ? (Usage de la métis.)


Chez les Grecs, un mort doit être vengé par un mort. Se venger est une nécessité absolue pour retrouver une forme de respectabilité. La loi du plus fort est la règle. Est-on sûr de ne pas en être au même point ? Nous pouvons observer chaque jour combien tel ou tel (dirigeants politiques, au premier chef, mais aussi journalistes, sportifs, intellectuels, artistes…) peut faire preuve d’arrogance (Usage de l’ Hubris).


Les comportements archaïques de l’homme dans le seul but d’assurer sa survie ou sa réussite sont ainsi mis en jeu dans ce texte (ruse, mensonge, arrogance, désir de vengeance, sens de l’honneur à entendre comme opinion des autres sur soi).


Ithaque nous rappelle que le vivre ensemble suppose la mise en place de règles, d’institutions, bref d’un État de droit.

Jean-Louis Martinelli

02 novembre 2010

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