: La mise en scène
Iphigénie ou le péché des dieux, un spectacle pluridisciplinaire : la musique et la danse ne seront pas présents en
corolaire du texte, leur rôle ne sera pas de ponctuer le texte et d’accentuer les émotions. Les mots devront
naître des corps en mouvement et de leurs rythmes propres. La musicalité est naturellement présente dans
le théâtre de la Grèce antique : le choeur, voix collective intermédiaire entre le public et les personnages de la
pièce, était à l’origine chanté et chorégraphié. La forme de la tragédie elle-même pourrait être transposée en
une partition musicale : une symphonie dans laquelle chaque figure possède son propre tempo, qui s’accélère
au fur et à mesure que les tensions s’amplifient. La composition musicale devra transcrire le souffle général et
les rythmes intérieurs qui animent chacun des personnages.
Les musicien(s) seront impliqués dans le mouvement, comme tous les artistes au plateau. Mon choix s’est
porté sur des compositeurs et interprètes qui pratiquent à de hauts niveaux les arts martiaux, ils seront donc
musique et corps, en interaction directe avec les comédiens et l’artiste chorégraphique.
Le choeur, entité unique, sera chorégraphié suivant l’image d’un groupe uniforme, une masse anonyme dirigée
par un pouvoir invisible, qui avance d’un seul mouvement dans une même direction. A l’opposé de cette foule
d’où aucune individualité ne se distingue, la danseuse Natacha Paquignon interprètera tour à tour différentes
figures qui émergent de cette masse humaine, qui osent se dresser contre l’oppression et faire entendre une
voix discordante.
Quant à la scénographie, elle traduira la dichotomie entre un monde dématérialisé et un espace d’expression des âmes et des corps.
L’espace des puissants se trouve en hauteur, sur des escabots.
Les dieux y pilotent le monde : ils jouent l’avenir de la planète au poker. Mettre en péril les populations de pays
entiers par leurs exactions est leur façon de se sentir exister : ils sont accros au risque, cette adrénaline leur est
nécessaire pour vivre.
Au début du spectacle, en miroir de cet espace violent et hierarchisé, Iphigénie apparaîtra heureuse dans le
jardin de sa prison dorée. Cet espace intime donnera l’image d’une jeunesse insouciante et protégée.
Progressivement, cet univers de douceur se transformera en tatami : lieu de frottements des corps, de combats
guerriers, d’amour, lieu des passions et des colères.
Texte, musique, danse et scénographie doivent ouvrir plusieurs portes d’entrée dans cette oeuvre de Michel
Azama. L’embrigadement des esprits et la façon dont les peuples peuvent s’en libérer sont traités sous un
angle poétique et allégorique ; la pluridisciplinarité donnera plusieurs pistes de lecture, afin que chacun puisse
s’approprier cette problématique selon sa sensibilité.
Valérie Zipper
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