De Heiner Müller à Romeo Castellucci, en passant par Tom Lanoye, les metteurs
en scène et dramaturges contemporains n’ont eu de cesse de convoquer, ces
dernières années, les figures de la mythologie grecque pour y lire et y interroger
notre époque et ses valeurs. C’est la puissance qu’exercent ces récits fondateurs
qui intéresse Tiago Rodrigues. Pourquoi revenir sans cesse à ces personnages ? Lire,
dire, redire ces récits : ce processus de reprise ne sert-il pas à vérifier, à chaque fois,
une certaine idée du tragique et de la tragédie ?
« Nous savons que la tragédie va finir mal. Et vous vous fiez à cela, parce que
vous vous souvenez », déclare le chœur à l’ouverture de la pièce Iphigénie, mise
en scène par Anne Théron. C’est contre cette idée du tragique que l’auteur et la
metteuse en scène s’élèvent, ensemble.
Que se passerait-il si les personnages refusaient de jouer le rôle que la tradition
attend d’eux, s’ils refusaient de se souvenir de l’histoire telle que nous la
connaissons ? Que se passerait-il si les femmes, Clytemnestre et Iphigénie en tête,
refusaient de jouer le rôle que la mythologie leur a assigné et osaient demander
qu’on les oublie, une bonne fois pour toutes
« Non, non, non, basta, ça suffit ! » déclare Anne Théron lorsqu’elle présente son
spectacle. C’est ce « non » qui permet de trouver, dans la tragédie, un élan, une énergie et une vitalité nouvelle. Et, à travers lui, que ce dossier se propose d’interroger les
mythes et leur mise en espace, de confronter les mémoires et leur mise en scène, et
d’alimenter les possibles et les survivances qu’offre le théâtre.
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