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Invasion !

mise en scène Michel Didym

: Extrait

b.– Depuis ce jour-là, Abulkasem devient comme une expression entre nous en classe.
d.– Mais avoue, Abulkasem c’est un nom qui pèse…
b.– Peu à peu c’est devenu…
d.– Mais avoue, Abulkasem ça pèse…
b.– Qui est devenu…
d.– Avoue, Abulkasem.
b.– C’est devenu un truc qu’on disait, d’abord juste pour rigoler, après plus sérieux… dans la cour, on jouait au billard ou on traînait dans le couloir, on partageait des Malabar et on causait du dernier épisode de Caméra café et puis quelqu’un disait, genre…
d.– Avoue, Abulkasem…
b.– Et puis tout le monde se mettait à rigoler parce que… en fait, je ne sais pas pourquoi. C’était juste, putain, c’était vachement marrant quoi. Et puis Abulkasem, c’est devenu genre, un mot, tout seul. Au début ça voulait dire quelque chose de nase, faible, qui tenait pas la route, vague… Eh, mon frère, c’était comment la fête ce week-end?
d.– Je te jure, mon frère, c’était Abulkasem… Pas de meufs, que des mecs, on a maté des vidéos et on s’est tiré tôt.
b.– Puis, au bout de quelques semaines, je ne sais pas exactement comment…
le mot a changé de sens, ça commençait à vouloir dire quelque chose genre, qui pète grave, qui déchire, à bloc…
d.– Eh, mate mec… Mate! C’est trop de la tuerie, oualah, cette meuf, trop nice jao, slim fit, flo-jo. Grave Abulkasem, avoue…
b.– Et plus tard dans le trimestre, genre en décembre, à l’arrivée du nouveau remplaçant, Kalil s’est fait jeter du collège suite à une embrouille avec le prof d’art plastique, là, Abulkasem ça pouvait vouloir dire n’importe quoi.
Ça pouvait même être un adverbe…
d (en baillant).– Putain c’est abuser Abulkasem, je suis resté debout toute la nuit à mater des vidéos.
b.– Un verbe…
d (irrité).– Laisse tomber, gars, va abulkasemer quelqu’un d’autre, je n’ai pas eu le temps de réviser.
b.– Une insulte…
d (menaçant).– Ne fais pas l’Abulkasem, man, donne-moi la queue, c’est mon tour.
b.– Un compliment…
d (h eureux).– Sur la tête de ma mère, c’était du vrai Abulkasem, il leur a mis quatorze points dans la gueule en première mi-temps.
b.– C’est devenu le mot parfait… Parfois il y avait des malentendus…
d.– Tu veux dire quoi Abulkasem! ? (énervé) Ah, d’accord, tu veux dire Abulkasem? Non, ça va, pas de blème…

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