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Intérieur


: Présentation

Une maison où tranquillement coule la vie, dans son jardin bordé par la nuit. Dedans, une famille veille le sommeil du plus jeune enfant. Dehors, un vieillard et un étranger doivent annoncer la mort de la fille aînée, retrouvée noyée dans le ruisseau. Au milieu des saules, ils tardent à entrer en la demeure, n’osant ébranler cette harmonie silencieuse.


Si l’action n’existe pas dans Intérieur (la réception de l’annonce de la mort ne peut être considérer comme une « action » dramatique au sens théâtral), l’attente et l’angoisse font figures d’éléments caractéristiques de ce drame pour « marionnettes ». Première pièce de théâtre évoquant ce que Maeterlinck nomme le tragique quotidien, Intérieur déconcerte par sa non-action, au-delà même du dénouement — qui n’en est pas un. Il rompt les codes du théâtre en changeant le point de vue et le mouvement même de l’action dramatique. Dans son agenda de 1893, une première idée, purement scénique, annonce certains aspects de ce « déplacement de l’angle de vision habituel » qu’introduira l’espace scénique d’intérieur :

Dans un drame : une pièce à fenêtres à droite et à gauche — une femme à la fenêtre gauche regarde si quelqu’un ne vient pas, qu’elle attend — puis se retournant, voit par la fenêtre de droite un petit point noir qui grandit, grandit, s’avance, frappe à la porte et annonce un grand malheur (11 mars 1893).


Alors on l’esthétise pour tenter de le comprendre : la maison ne sera pas une maison, le jardin ne sera pas un jardin. On montrera ce que l’on n’est pas sensé voir : la noyée errera dans un canal autour du jardin ; on effacera les repères : il fera nuit dehors et les personnages seront dans le noir, seulement éclairés par des petites lanternes. L’intérieur s’oppose à l’extérieur, la parole (du jardin) au silence (de la maison). La musique de scène composée par Sébastien Robert-Lenz sera fondée sur le même principe : dans le jardin, on entendra une musique extérieure à soi, jouée donc par des instruments ; de la maison, une musique interne, celle qui vient de soi, la voix. Un quatuor vocal formé du père, de la mère et des deux filles, chantant des Psaumes païens, intercalés dans la pièce, comme des monologues intérieurs. À l’image de la crèche lumineuse s’opposera le vide nocturne du jardin et de son annonciation morbide et désolatrice.


À la fin, les deux mondes se rencontreront sans pour autant y survivre. Alors viendra le silence.

Olivier Dhénin

juillet 2011

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