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Illusions

mise en scène Galin Stoev

: Talk Show pour treize comédiens

par Galin Stoev

S’emparant de ce texte puissant, la mise en scène s’appuie essentiellement sur l’énergie de ses comédiens. Un canapé, un piano, quelques chaises, un tableau noir, un table de régie, une guitare électrique, un seau et sa bouteille de champagne, quelques fraises suf ront pour raconter l’histoire de Sandra, Margaret, Dennis et Albert. Les treize comédiens viendront tour à tour, seuls ou à plusieurs, dans des habits qui pourraient être les leurs ou ceux de leurs personnages, pour prendre la parole et dire ce que leurs personnages vivent ou ont vécu. Les différentes séquences, qu’elles nous parlent de moments heureux, de dif cultés ou de doutes, se mêlent et s’entrecroisent, re étant ainsi les errances, la perdition ou les retrouvailles des protagonistes. Elles sont ponctuées de chant, de danse ou encore de vidéo.


Les comédiens sont autant les narrateurs, les personnages de l’histoire, glissant sans cesse du récit à l’incarnation, tout en continuant à parler d’eux, de leur personnage à la troisième personne.

Il y aura au cours de la représentation plusieurs Dennis, plusieurs Sandra, plusieurs Margaret et plusieurs Albert, comme si chaque comédien avait quelque chose de plus important ou de différent à ajouter au portrait qui avait déjà été fait. Chaque personnage s’enrichit donc de la diversité des acteurs qui en ont la charge : portraits cubistes, diffractés, indécidables. Comme est indécidable la vérité des aveux de nos quatre personnages...

La mise en scène et l’écriture ont une même volonté de présenter sous une apparente légèreté les moments douloureux de la vie, comme s’il s’agissait d’un simple talk-show. Ainsi, après avoir décrit le suicide de Margaret, la comédienne en scène se met à chanter l’émouvant « Cry me a river », mais... en suivant une vidéo de karaoké. Pour certaines scènes, la narration est rehaussée d’une application concrète de ce qui est dit, non comme une illustration mais comme une interprétation possible, pour en exprimer différemment la sensation : quand un des acteurs vient de décrire l’état d’Albert lorsqu’il a, pour la première et dernière fois de sa vie, fumé un joint, il se met à fumer à son tour sur scène et, alors, les autres comédiens entament une danse étrange en le molestant de plus en plus sur l’air de « Blue Velvet ». Albert découvre un autre monde.

Vrai/faux, vision/hallucination : tout est indécidable dans Illusions. Mais tout est possible ! Ainsi, lorsque l’un des comédiens décrit comment Dennis, enfant, avait vu un extra-terrestre par la fenêtre de sa chambre, un extra- terrestre apparaît effectivement : on reconnaît une des comédiennes déguisée de bric et de broc avec des objets du quotidien, laissant ainsi le doute sur cette apparition : est-ce Dennis lui-même qui s’est amusé avec les gants du ménage et l’étendoir à linge ou est-ce le véritable extra- terrestre qu’il pense avoir vu un jour ?

À l’inverse, un peu plus tard, une comédienne explique comment Dennis a trouvé sa place dans le monde, en s’asseyant un jour sur un gros rocher. Une blague ? Mais elle transporte sur scène ledit rocher, tel un objet d’étude scientifique...

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