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Il est plus facile d'avoir du ventre que d'avoir du coeur... et vice versa

mise en scène Jade Duviquet

: Note d'intention

Après nos derniers spectacles pluridisciplinaires, notamment Cet animal qui nous regarde, où se côtoient sur scène, trapéziste, ventriloque, acrobate zoomorphe, dessinateur sur sable en direct repris en vidéo, bêtes à poils et à plumes, création que nous défendons becs et ongles bien sûr, nous avons eu envie de revenir à un spectacle plus simple, et ce pour plusieurs raisons.


La première, c’est que depuis de nombreuses années, après les répétitions, en tournée, à table, Cyril raconte à sa façon débridée ses angoisses, lubies, obsessions, joies pour le plus grand plaisir, généralement de l’assistance. Bien sûr, des aspects de ce caractère apparaissent dans nos créations mais là, il se précisait une chose particulière, le discours d’une différence, une gravité et un anniversaire à traverser, la mort de son père à l’âge qu’a Cyril aujourd’hui,


Je sentais sous ses peurs et ses emportements de Falstaf, le moment pour cerner son curieux parcours, celui d’un athlète hors-normes mais déguisé sous des allures de bonhomme rond et inquiet.



Pour les trois premiers spectacles que nous avons co-écrits, nous sommes chaque fois partis du plateau, puis repartis écrire mais cette écriture est née du corps, de nos rencontres sur le plateau. Cette fois encore, c’est sur le plateau que nous avons cherché cette nouvelle forme, elle est liée à la singularité des actions physiques de Cyril Casmèze. Mais elle naît au cœur d’une problématique que peut rencontrer toute autre personne qu’un acrobate zoomorphe même si son chemin à lui passe par là. Cyril Casmèze fait partie de ces êtres non formatés, trop petit, trop massif, trop rond, trop large, surtout très loin des modèles standard. De cette corpulence, il en a fait une force, une particularité.


Nous avons envie, dans ce texte qui sera donc un monologue, de tracer cet apprivoisement, ce rejet de lui parfois. Nous le verrons se débattre avec ce « rassurant » embonpoint, défendre sa singularité au grand dam de sa mère, séduire son monde et faire de cette corpulence hors normes un chantier, toujours en action.


Nous voulons entrer de façon ludique dans la matière, et avons cherché comme porte d’entrée à ce physique encombrant le ventre. Nous avons une matière d’écriture que nous vous transmettons, courte car elle est ponctuée d’actions physiques (qui est une écriture en soi) difficile à décrire. Pour vous faire une idée de cette gestuelle particulière, vous pouvez visionner des extraits vidéo sur notre site. Bien sûr, chaque action physique est travaillée en fonction du propos mais les extraits vidéo peuvent donner une idée des inserts. Dans cette recherche, ce sont des instants d’étrangeté, de performance physique, des instants pour certains chorégraphiés, d’autres instants chantés, Cyril a une vraie voix de ténor « soleil »…


Le début dans l’écriture parle de cet homme et son ventre, son problème de poids, sa boulimie, et de la lutte qu’il mène pour malgré tout en tirer profit. De ce point de départ, nous poursuivrons l’écriture vers des chemins plus sombres, notamment l’hypochondrie dont est affublé cet homme, même si elle peut être cocasse.


Il sera aussi question du refus d’endosser ce corps d’homme, de la fuite vers l’enfance, rassurante, de la fuite vers l’animalité, vers l’innocence du corps vécu sans conscience « peut-être » de la mort lorsqu’il se pense animal. Nous irons vers cette peur de la perte du corps, du vieillissement, le refus et la peur de la mort…


A travers ce texte, c’est aussi comment se vivre différent, s’aimer peut-être « tel » que ce corps existe, c’est dire oui au corps. C’est parler de ce corps encombrant, de ce corps qui a aussi appris à se plier à l’effort, à la performance, aux années. C’est dire que le corps est aussi apparence, qu’il existe une dérision du corps. Et je crois que l’on peut aussi parler avec ce projet, de réconciliation, celle d’un homme avec lui-même.


Nous serons dans une langue simple, dans une langue coq à l’âne, une langue qui s’échappe, une langue confidence, une langue bavarde, la langue d’un homme qui nous parle.


Ce que nous vous donnons à lire avec toutes les inscriptions physiques fait à la scène 20 mn.


Nous sommes en préparation et nous allons avancer, changer, rayer, reprendre, nous allons et avons envie de creuser plus avant, de poursuivre l’étrange chemin de cet homme trop massif, trop rond, de partir d’une langue quotidienne pour aller vers plus d’étrangeté, explorer l’ogre et le monstre.

Jade Duviquet

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