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Idem

+ d'infos sur le texte de  Les Sans Cou
mise en scène Igor Mendjisky

: Note d'intention, processus, histoire

Comme pour notre précédente création « J’ai couru comme dans un rêve », nous continuons à rechercher un théâtre en mouvement. Le théâtre semble l’un des derniers endroits où tout peut arriver. Le seul endroit où l’inattendu est présent.
Nous voulons un théâtre de l’inattendu, un théâtre en rupture, incontrôlable, un théâtre vivant !

Le processus


Après « J’ai couru comme dans un rêve » qui a été un spectacle fondateur pour notre compagnie, nous voulons continuer d’expérimenter notre méthode de travail d’écriture collective au plateau. La création de notre prochain projet restera ouverte et en mouvement jusqu’à la dernière représentation. Nous découvrirons au fur et à mesure des répétitions puis des représentations, quel sera le spectacle que nous proposerons.


Pour cela, voilà plusieurs mois que nous nous réunissons afin de discuter de nos préoccupations, avant même d’envisager la matière théâtrale. De ces réunions a émergée de manière spontanée, collective et protéiforme l’envie d’interroger l’identité. Pour structurer notre envie, il nous semblait important de diviser notre recherche en trois mouvements, en trois groupes de questionnements :


1. L’identité individuelle :
Qui suis-je ? En partant du principe que notre identité individuelle se définit par les caractéristiques physiques, psychiques, l’histoire, les attitudes et les comportements qui nous sont singuliers, un certain nombre de questions apparaissent : Y’a t’il une différence entre ce que je suis réellement et ce que les autres voient de moi ? Quelle est la part de l’inné et de l’acquis dans la construction de ma personnalité ? Suis-je déterminé par mon code génétique ? Quelle est la puissance des interactions sociales et environnementales ? Suis-je déterminé par les groupes dans lesquels je me construis ? Ce dont j’hérite est-il un fardeau ou un cadeau ? Suis-je libre de devenir ce que je suis ? Si oui, que dois-je devenir ? Quelle est ma place, mon rôle dans le monde ? Est-on prisonnier d’une identité immuable ou peux t’on changer d’identité ?


2. Le groupe et l’appartenance identitaire :
Parmi les questions évoquées ci dessus, il en est une que nous voudrions approfondir, c’est celle de l’appartenance à un groupe. En effet, la notion d’appartenance identitaire est au coeur du débat dans notre société. Le chaos, la peur, la perte de repères, la globalisation, la cohabitation multiculturelle, la crise poussent les hommes à se réfugier dans et derrière un groupe, une famille, une communauté. Nous, comédiens appartenant à une compagnie de théâtre, sommes les premiers à trouver refuge dans et derrière notre compagnie lorsque nous sommes en difficulté. Le groupe est un lieu rassurant et solidaire. A quel moment les intérêts du groupe prévalent-ils sur les intérêts personnels, et vice versa ? Devient-on le groupe auquel on appartient ? Que se passe-t-il quand ce qui est bon pour un groupe ne l’est pas pour les groupes avec lesquels il cohabite ? A quel moment les identités deviennent-elles, selon l’expression d’Amin Maalouf, des « identités meurtrières » ?


3. L’identité artistique :
Le troisième terrain que nous voulons explorer est celui de notre identité en tant qu’artistes. Pour cette nouvelle création nous voulons interroger notre rôle et notre nécessité - ou non - dans la société. Quel est le rôle de l’artiste, sa place, sa spécificité ? Devons nous être des héros ? Devons nous, comme Victor Hugo à son époque, nous impliquer activement dans la vie politique ? Est-ce encore possible aujourd’hui, ou bien l’artiste est il condamné à faire du décoratif, à être un guignol dans une vitrine ?
Ainsi, nous voulons - car c’est notre obsession, ce qui nous fait vivre, ce qui dans la compagnie nous met tous en mouvement, nous émerveille mystérieusement chaque jour - continuer à interroger le Théâtre.


De là, nous aimerions, non seulement nous servir de nos histoires et de notre imagination, mais aussi aller à la rencontre des gens qui vivent autour du théâtre où nous créerons ce projet, des gens de "la cité", leurs poser les questions que nous nous posons, nous offrir la possibilité de faire des ateliers avec eux, et nous servir de leurs points de vues, de ce qu’ils sont, leurs identités, leurs créativités pour enrichir la nôtre.


Il n’y a pas de texte de base. Il y aura comme pour « J’ai couru comme dans un rêve » une trame qui ouvrira sur un premier mouvement de travail. Là, à la table, nous nous poserons les questions qui nous sembleront être les bonnes pour préciser notre pensée et notre histoire. Ce qui nous mènera à une première ligne dramaturgique, ligne qui sera solide, mais sur laquelle nous nous donnerons la liberté de marcher, sauter, crier quitte à la casser pour mieux la consolider au fur et à mesure des répétitions. Ensuite, nous travaillerons chaque matin des répétitions à la construction fondamentale du spectacle, et chaque après-midi nous confronterons ce travail de fond à la forme ; au plateau, à l’improvisation, au chant, à la danse et à la vidéo.


Scénographie & Esthétique


En ce qui concerne la scénographie et l’esthétique du spectacle, nous essentialiserons au maximum les éléments de costumes et de décors. Ils apparaitront au fur et à mesure des besoins de l’histoire et de la mise en scène. Nous arriverons sur le plateau avec une idée simple et équilibrée pour travailler, mais la scénographie pure découlera du travail au plateau afin de ne rien plaquer et de construire une esthétique juste. Et pour continuer dans le sens de cette idée, nous aimerions qu’au fur et à mesure des répétitions et des représentations, les murs ou les structures qui nous entoureront soient porteurs de l’identité de chacun. Nous ferons des expériences de scénographie, en intégrant la peinture, la photo, l’image, les corps et la danse comme éléments de scénographie. L’idée est à nouveau de voir comment avec une malle à costumes, quelques chaises et une table, nous retrouvons la joie de faire en groupe du spectacle pour un public, la joie de l’expérience collective.


L’histoire


Après « J’ai couru comme dans un rêve », spectacle fondateur pour notre compagnie, nous voulons continuer d’expérimenter notre méthode de travail d’écriture collective au plateau pour aboutir à une création qui reste ouverte et en mouvement jusqu’à la dernière représentation.


Pour ce projet, c‘est de manière spontanée et unanime que l’envie d’interroger l’identité est apparue.


Voici le point de départ de notre travail :


Lors d’une prise d’otage dans un théâtre loin de chez lui, comme celle qui a eu lieu en 2002 au théâtre de la Doubrovka à Moscou, un homme subit un choc et perd totalement la mémoire. La seule chose dont il se souvient est qu’il se trouvait dans un théâtre. A partir de cet évènement, il devient une page blanche.


Était-il dans le public ? Était-il sur scène ? Était-il parmi les preneurs d’otage ?


De la même manière qu’un acteur interprète un personnage nouveau de pièce en pièce, l’homme passera au cours de sa quête d’identité en identité.


Mais qui est-il vraiment ? Qui est cette fille sur cette cassette retrouvée qui lui demande de ne pas oublier tous ces souvenirs partagés avec elle ? Qui est ce chauffeur de taxi qu’il rencontre partout et qui n’est jamais tout à fait le même ? Qui est ce médecin qui travaille sur la schizophrénie, le trouble de la personnalité ? Qui sont ces gens qui le suivent, l’entourent, le perdent ?


Parallèlement à sa quête d’identité, nous suivrons ses proches, famille et amis, qui partiront à sa recherche à travers le monde.


Ce que nous savons pour le moment, c’est que le dénouement de cette histoire aura lieu là où tout a commencé, dans un théâtre, et précisément dans le théâtre dans lequel nous jouerons, le jour de la représentation.


Un spectateur actif


Pour ce spectacle, nous travaillerons encore à intégrer le public de façon active. Nous voulons le sortir de son statut de spectateur passif, assis dans le noir. Nous voulons faire un théâtre vivant pour rappeler au spectateur qu’il est lui-même en vie. Pour mieux lui raconter notre histoire, nous voulons en permanence surprendre le spectateur, nous adresser directement à lui, le maintenir éveillé, en alerte.


Nous continuons à penser que l’art et en particulier un spectacle de théâtre ne doit pas être un temps où l’on permet au spectateur de s’évader mais un sas qui lui permettra de mieux revenir au monde, avec un regard différent, transformé.

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