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Icône

+ d'infos sur le texte de Gérard Watkins
mise en scène Gérard Watkins

: A propos de la pièce

Un homme d’affaires, Monsieur, ayant fait fortune dans le pétrole au Nigéria, est sur le point de mourir. Pour tenter de se racheter, d’ennoblir le caractère véreux de sa fortune, il décide de passer commande d’un triptyque à trois artistes, « trois icônes de l’art contemporain » : B, M et K. Icône renvoyant alors à la fois à l’objet et au sujet.


L’occasion pour Watkins d’explorer ici, d’exposer trois facettes différentes de l’artiste : B est un artiste en vue, passant à la télévision, M un artiste maudit courant en vain après le succès, la reconnaissance, K une femme se déplaçant en chaise roulante, obsédée par l’immobilité et le mouvement.


Non seulement, ils ont l’obligation d’honorer cette commande, ce triptyque, à trois, en mêlant, suivant un ordre chaque fois différent, leur savoir-faire propre, chaque partie consistant en un assemblage de trois couches superposées mais surtout ils doivent prendre comme modèle une mystérieuse créature, capable de lire, de décrypter l’intériorité de chaque être humain.


A ces quatre personnages s’ajoutent le maître d’œuvre, Marlowe, «un homme ou une femme, c’est selon », chargé de mener à bien ce projet et un gérant de bains thermaux, musicien, ayant découvert la créature-modèle.


Le sujet central de la pièce est la peinture. Or est-il possible de parler de peinture ? Sans doute non, si ce n’est par le truchement de la poésie, ut pictura poesis. Watkins ne mélange pas théâtre et peinture, mais s’interroge plutôt sur le processus créatif, l’essence de son inspiration, de sa naissance, au détour d’une rencontre charnelle de la syntaxe, la poésie, et de la picturalité.


Ce sont tour à tour l’évocation des surfaces, des supports, des matières, d’une possible installation, l’obsolescence présumée ou non du cadre, le choix de l’ordre ou du désordre dans la représentation, les rapports entre le signifiant / le signifié, le contenu /le contenant, la question du temps pour l’artiste assumant de faire de sa vie une course contre la montre et bien sûr l’économie de ce dernier, son organisation interne, sa façon de fonctionner, de procéder ainsi que ses rapports à l’argent, à l’économie de marché.


Car Icône évoque aussi les rapports conflictuels entre l’art et la politique, le retour à une certaine bipolarité dans « un monde figé », à une dialectique dichotomique, binaire :


« Nous vivons dans un monde qui se sépare en deux
Ceux qui ont tout, ceux qui n’ont rien » dit Monsieur.


La pièce suit une temporalité continue, comme pour mieux suivre précisément le processus créatif de l’œuvre d’art, quasiment en temps réel épousant le rythme des gouttes tombant sur la toile.


Le texte questionne aussi le mystère des origines, de l’homme, de l’art, des idées, des mythes, des oeuvres fondatrices du monde, de leurs prolongements modernes, de leurs incessantes répétitions et réitérations sous des formes changeantes, en constante évolution, dans une concaténation des artistes à travers le temps, les âges, soit initiateurs, passeurs ou plus prosaïquement voleurs.


Jean-Edouard Hastings
universitaire, dramaturge

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