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I Am the Wind

+ d'infos sur le texte de Jon Fosse traduit par Simon Stephens
mise en scène Patrice Chéreau

: La Pièce

Spectacle en anglais surtitré en français

Patrice Chéreau est fidèle aux auteurs qu'il aime. Après avoir, cet hiver, mis en scène Rêve d'automne, il a eu envie de prolonger sa rencontre avec Jon Fosse en faisant entendre sa dernière pièce Je suis le vent. Cette fidélité se double d'une volonté de renouveler les formes d'une proposition à l'autre. Car ce que souhaite Patrice Chéreau, « c'est qu'il n'ait pas trop de ressemblance entre ses spectacles ». C'est ainsi qu'il a choisi de créer ce nouveau texte en anglais, avec des acteurs britanniques, proposant une écoute différente de la langue de Jon Fosse, langue dont l'auteur précise régulièrement qu'elle est rythme plus que sens. Dans les textes du dramaturge norvégien, les mots sont rares : ce qui est dit est moins important que ce qui n'est pas dit. Ces mots essentiels, qui nous parlent avec économie de la vie et de la mort, sont portés par des personnages quasiment dénués de psychologie. Ce qui importe chez Jon Fosse, ce sont les relations entre les personnages et non les personnages eux-mêmes puisque « ce n'est pas notre identité, mais nos relations qui mènent nos vies ». Dans Je suis le vent, ils sont deux, sans nom, sans biographie. L'Un et l'Autre, deux êtres sur un bateau au milieu de la mer, ici magnifiquement figurée par la scénographie de Richard Peduzzi. Ils parlent peu, bégaient, s'essoufflent. Ils s'interrogent, mais toujours brièvement : « Plus on parle, plus ce dont on parle disparaît. » Ils agissent peu, même si les actions sont suggérées. Ils évoluent dans un présent dont on perçoit qu'il est traversé par le passé, mais aussi par le futur. Ils créent de l'émotion en « faisant violence à la langue » ; ils ne cherchent ni à expliquer ni à convaincre. Au plus près de cette écriture rare, qui se tisse de silences soutenus et de répétitions incantatoires, Patrice Chéreau, ici avec la collaboration de Thierry Thieû Niang, tire le meilleur des voix mais aussi des corps de ses acteurs pour exprimer «l'indicible poésie qui est celle du théâtre même ».


Romans et poésie, essais et livres pour enfants ont forgé la réputation internationale de Jon Fosse, bien avant que celui-ci ne s'intéresse, à partir de 1994, à l'écriture dramatique. Écrivain de la forme, préférant « écrire un tout» plutôt que des fragments qui s'enchaînent, le Norvégien privilégie les silences, les non-dits et la musicalité du verbe. Il cherche avant tout à faire entendre ce qu'il y a derrière les mots, cette matière invisible qui détermine les personnages et les actions, souvent minimes sous sa plume. De Et jamais nous ne serons séparés, sa première pièce, à Je suis le vent, sa dernière, Jon Fosse est l'auteur d'une trentaine d'oeuvres théâtrales. C'est avec Quelqu'un va venir, mis en scène par Claude Régy, que le public français le découvre en 1996.

Jean-François Perrier

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