theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Huit heures ne font pas un jour »

: Une lutte heureuse dans le reflux de 1968

Nous sommes une génération qui n’a pas, contrairement à celle de nos parents, héros de 68, bousculé l’histoire. Nous n’avons pas fait la révolution. Nous avons été dans l’ombre des barricades, fascinés par l’insouciance d’une génération qui voulait changer le monde et qui s’est imposée à l’Histoire. Et ils ont eu des enfants : nous !


Le triptyque Des années 70 à nos jours... que j’ai créé avec le Collectif In Vitro de 2009 à 2014, dressait sous forme de portraits de famille le tableau d’une génération française pétrie de liberté et de contradictions. En mon- tant aujourd’hui un nouvel opus, je viens ré-interroger cette question d’héritage, mais du point de vue cette fois-ci des grandes luttes sociales européennes du XXe siècle. Quelles sont, notamment à travers la sphère du travail, nos capacités à agir collectivement ?


Presque cinquante ans après sa réalisation, Huit heures ne font pas un jour demeure pour moi d’une actualité politique féconde et offre une fenêtre ouverte sur notre Europe contemporaine.



Fassbinder fait le pari de la lutte heureuse, de la résistance pacifique mais pugnace et de la solidarité intelligente sans masquer les obstacles qu’un ordre social corseté met sur la route des protagonistes. La clé de la réussite tient à la façon d’entrelacer une approche matérialiste de la vie – comment mobiliser les ouvriers à l’usine ? – comment lutter contre l’aliénation du travail ? – comment lutter pour les droits des femmes ? – comment se loger une fois la retraite venue ? – à l’élan fictionnel qui emporte malgré tout les personnages. Particulièrement nombreux, magnifiquement écrits, ces derniers issus de la famille Krüger-Epp ou de l’usine d’outillage constituent le centre névralgique de la dramaturgie.


Fassbinder se documenta beaucoup, visita des usines et discuta avec des syndicalistes mais contrairement à la plupart des documentaires politiques des années 1970, les personnages apparaissent non comme des victimes, mais comme les maîtres de leur propre histoire. En dépit du succès, on lui reprocha son manque de réalisme, notamment sur sa vision idyllique et parcellaire du monde de la famille et du travail... Huit heures ne font pas un jour est une œuvre à la fois militante et romanesque et c’est ce qui en fait tout son charme. Les personnages luttent avec bonheur pour une idée plus heureuse de la société. Vue depuis la cellule de dégrisement de notre temps, cette belle ivresse d’un monde partagé paraît, en effet, surréelle tant le négatif semble trop souvent aujourd’hui l’emporter.


  • In Dossier de presse du TGP
imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.