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Huis clos

+ d'infos sur le texte de Jean-Paul Sartre
mise en scène Jean-Louis Benoît

: Note d'intention

par Jean-Louis Benoit

Je pense qu’il est tout d’abord indispensable d’écarter l’idée trop souvent reçue que Huis close st une pièce didactique. Elle n’est même pas une pièce «intellectuelle» si l’on entend par là que seuls les mots comptent et font sens. Les personnages de Sartre, morts et relégués en Enfer, s’empoignent, se battent, se caressent, se désirent, s’enlacent, s’embrassent...Ils sont avant tout des corps incarnés, bien  «vivants». Je tiens beaucoup à ce que l’énergie féroce qu’ils déploient tout au long de leurs confrontations soit jouée avec passion...et humour. Car Sartre s’amuse à puiser dans le vaudeville, à détourner les codes du théâtre de boulevard. Il regrettait, semble-t-il, que sa pièce fût interprétée trop souvent de manière sérieuse, trop respectueuse...Si les archétypes de la virilité chez Garcin, de la mondanité chez Estelle, de l’homosexualité chez Inès, sont mis en place dès le début, ils ne tardent pas à se briser lorsque tombent les masques de chacun d’eux. Alors, ils se battent vraiment, corps à corps, et nous bouleversent. Lorsque Garcin veut fuir cet Enfer, qu’il parvient à ouvrir la seule porte du lieu et, qu’au moment de la franchir, il ne fait plus un seul pas et reste là, avec les autres, c’est qu’il a compris que se détourner c’est s’avouer vaincu.
Je veux faire connaître la «bonne santé» de cette pièce où l’on ne renonce jamais, où l’on ne s’ennuie jamais. L’acharnement que nos trois  «cadavres» mettent dans la lutte à vouloir préserver leur intégrité est de toute beauté. Car chacun sait que le «vrai mort» est celui qui abandonne, que celui qui subit la vie est perdu, que renvoyer aux autres l’image qu’ils attendent de vous est un enfer.
Rien de tout cela n’est abstrait. Rien de tout cela ne nous est étranger.


Je sais que Huis clos a pour décor un salon bourgeois second empire comme la plupart des pièces de boulevard de l’époque de Sartre. Il y a dans ce huis clos deux canapés, une cheminée et son bronze, une petite table...et une porte. Une porte close à jamais.
Je sais que je ne veux pas de ce Huis clos-là. Ma mise en scène propose que le lieu de l’action soit la scène du théâtre elle-même où demeurent quelques restes d’anciens décors appuyés contre les murs, des bouts de costumes, des canapés, une cheminée en stuc, chaise, table relégués dans un coin, sous des bâches. Et une porte. Une porte essentielle qui sera certainement la porte de la scène elle-même. Venant du dehors, de la «vraie vie», les personnages entreront par cette porte pour ne la rouvrir et la passer qu’après les saluts faits au public.
Si la porte de scène du théâtre qui nous accueille est trop mal disposée, nous prévoyons bien sûr des éléments de décors construits par nous pour la «recréer».
L’éclairage de ce spectacle un brin  «pirandellien» est d’une grande importance. C’est lui qui va «organiser» le lieu et, d’une certaine façon, le «décorer»


Je pense que la scène de théâtre comme métaphore d’un Enfer où l’on  «joue» sous de multiples regards, où l’illusion, le masque, le mensonge et le trompe-l’œil, lui sont inhérents, correspond au point de vue que j’ai sur la pièce de Sartre. Comme les personnages de Huis clos les acteurs sont «forcément» regardés. Lorsque Garcin, Inès ou Estelle se pencheront sur leur passé, c’est sur le public qu’ils le feront. Sur les «vivants», sur nous qui savons «jouer» dans notre société une infinité de rôles. Des rôles comiques bien souvent: au terme de la pièce, Sartre écrit que Garcin, Inès et Estelle, sachant qu’ils sont destinés à être toujours ensemble, partent dans un grand éclat de rire...

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