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Hiver

+ d'infos sur le texte de Jon Fosse traduit par Terje Sinding
mise en scène Emilie Anna Maillet

: Notes de mise en scène

C’est apparemment l’histoire d’une rencontre d’un homme et d’une femme aux vies presque opposés. Deux êtres en crise qui vont se trouver, peut-être pour mieux se perdre, peut- être pour «êtres vivants.» Ils sont dans un de ces temps d’arrêts, de vide où les actes paraissent inconséquents. Jon Fosse parle de nos glissements hors du monde, de nos disparitions du réel. Ce sont ces sensations de vertiges, de confusion, de doute sur notre matière même et notre réalité qui m’ont conduites à la Magie Nouvelle. Elle nous permet de provoquer aux spectateurs les sensations qu’éprouvent les personnages.


« Si la peinture détourne le réel dans l’espace de l’image, la magie nouvelle détourne le réel dans le réel. » R. Navarro


J’ai choisi de travailler sur une dramaturgie en « deux lignes mélodiques », une écriture croisée entre le texte de Fosse et l’art numérique utilisant des procédés de Magie Nouvelle. Le travail sur le texte est l’origine de tout. La précision que demande Fosse, ses silences, «gouffres» abruptes, l’humour étrange qui s’en dégagent, sont pour moi la structure osseuse du projet. L’incapacité à dire, à être des personnages, «le dérisoire» de leurs échanges sont écris avec un féroce besoin de rire. Cet humour est entrechoqué avec l’abstraction qui émane de cette écriture.


La Magie Nouvelle permet de rendre visible l’invisible, de créer le doute, de dépasser le domaine visuel pour s’adresser aux autres sens. Les personnages se trouvent immergés dans des images fantomatiques, entourés d’hologrammes, pris en étau dans une réalité modifiée provoquant des sensations de confusion du réel, de troubles optiques. Une disparition des repères d’espace, du temps, des corps, de la réalité, qui pose la question de l’existence de notre matière même, de manière physique. C’est une réalité modifiée et en doute permanent que j’ai souhaité installer.


« L’absence dure quelques secondes, son début et sa fin sont brusques. Les sens demeurent éveillés mais pourtant fermés aux impressions extérieures. Le retour étant tout aussi immédiat que le départ, la parole et le geste arrêtés sont repris là où ils avaient été interrompus, le temps conscient se recolle automatiquement, formant un temps continu et sans coupures apparentes…Quand ces absences sont fréquentes, on emploie le terme de picnolepsie. Mais pour le picnoleptique, rien non plus ne s’est passé, le temps absent n’a pas existé ; à chaque crise, sans qu’il s’en doute, un peu de sa durée lui a échappé, Il doit enfreindre perpétuellement les limites de sa mémoire. (…) recoller les séquences, réajuster leurs contours (…), il aura tendance à croire que rien n’existe et que même s’il y a une existence, elle ne peut être représentée et que même si elle pouvait être représentée, elle ne pourrait certainement pas être communiquée ou expliquée aux autres. » Paul Virilio (L’esthétique de la disparition)

Emilie Anna Maillet

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