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Histoire d'amour (derniers chapitres)

+ d'infos sur le texte de Jean-Luc Lagarce

: Note de mise en scène

Gilles Lefeuvre Kiraly

L'écriture de la pièce d'Histoire d'Amour est mystérieuse. Il n'y a aucune chronologie. Les personnages ont peur de se dévoiler, d'affirmer quelque chose, de dire leur amour tout simplement.
L'originalité d'Histoire d'Amour vient du fait que nous ne savons jamais où nous situer dans le temps. Il varie sans cesse sans que cela ne doit jamais précisé. On peut tout de même en définir quatre :
le temps de l'action, le temps du souvenir, le temps de l'écriture du 1er homme, le temps de la lecture de la pièce Histoire d'amour écrite par le 1er homme.
D'où la nécessité de créer un espace temps qui engloberait ces quatre temps. Cela est possible grâce au prologue que j'ai décidé de jouer dans une atmosphère entre le rêve et le cauchemar.
Je créé donc un trouble, j'enlève tous les repères chez le spectateur si bien que pour suivre cette histoir, celui-ci est obligé de s'engager avec ses propres histoires d'amour et de créer ainsi son propre temps.


Lagarce nous livre seulement quelques fragments de cette histoire afin de laisse toutes les pistes ouvertes. C'est un véritable puzzle. Le spectateur doit mener sa propre enquête et doit reconstruire une histoir avec toutes les pièces dont il dispose.


Dans l'écriture de Lagarce, il y a une grande diversité de parole : elle est parfois narrative, contée, directe ou tout simplement adressée au public.
De plus, la moindre idée ou pensée a besoin d'être ressassée, éprouvée, usée si bien qu'une simple idée est dite plusieurs fois avec chaque fois un angle de vision différent.
Tel un chef d'orchestre mon désir est de jouer avec ses diverses déclinaisons.
Ainsi apparaît l'écriture souterraine de Lagarce, c'est à dire qu'on assiste, tout à coup à la naissance d'autres scènes, des scènes intimes où enfin peuvent se jouer toutes les gammes des sentiments amoureux.


On peut supposer que le 1er homme représente Lagarce, l'individu qui écrit des histoires, qui souffre d'un mal d'amour, de solitude, de maladie.
Le 1er homme écrit, non pas tant pour retenir la vie que pour en laisser une trace, des traces, des instantanés de cette vie qui n'est déjà plus et qui n'a pas été celle qu'on rêvait, tout comme le livre qu'on a écrit, qui n'est pas celui qu'on voulait écrire, ni l'histoire celle qu'on voulait raconter.


Toujours dans l'idée de laisser des traces les acteurs auront les bras et les pieds nus. Et comme le sol se compose principalement de terre et d'herbe, on pourra voir à la fin de la représentation sur leurs corps les traces de cette histoire. J'avais besoin d'une sorte de cartographie où les personnages puissent évoluer représentant dans le même temps un lieu commun et leur lieu solitaire : une sorte de paradis perdu.
Trois espaces bien délimités (représentant leur jardin secret) qui servent de sas où ils peuvent se rencontrer, reliés entre eux par des chemins. Ces chemins signifient en quelque sorte les différents choix amoureux : des bifurcations, des croisements, des voies sans issues...


Je demande aux acteurs de jouer au plus profond d'eux-mêmes d'être tout le temps entre le rire et le pleur, d'être tout le temps au bord du gouffre, d'être à la limite d'eux-mêmes, d'aller chercher de vrais sentiments, de se servir de leurs propres histoires d'amour, d'y puiser leur souffrance et leur joie. J'insiste sur le fait qu'ils doivent travailler sur l'état. C'est une pièce qui demande aux acteurs de ressentir réellement ce qu'ils jouent, ils ne peuvent pas tricher.


Ils doivent s'engager intimement

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