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Hiroshima mon amour

mise en scène Christine Letailleur

: Note d’intention

Porter à la scène un texte de Marguerite Duras, m’apparaît, tout simplement, dans mon parcours de femme metteure en scène, comme une évidence ; en effet, l’oeuvre de Duras questionne ce qui constitue l’un des thèmes majeurs de ma recherche artistique, à savoir la question – inépuisable et cruciale – du désir.
J’aime le regard que porte Marguerite Duras sur la question du désir, de l’amour, de la jouissance et de la liberté sexuelle au féminin. Elle a su «exalter la force de l’amour» (Laure Adler). L’héroïne de «Hiroshima mon amour» n’est pas une femme raisonnable ; bien que mariée, mère de famille et vivant en France, elle choisit l’adultère, lui, le Japonais ; un amour impossible et elle s’y abandonne pleinement, corps et âme : «Tu me tues. Tu me fais du bien… Dévore-moi. Déforme-moi jusqu’à la laideur…»


En outre, ce qui me plaît dans cette oeuvre, c’est la manière dont Duras traite l’Histoire, comment elle écrit l’Histoire. En arrière-plan de cette rencontre amoureuse, nous avons la guerre – la bombe atomique et l’occupation de la France par les Allemands. Duras avoue qu’il lui est impossible de parler de Hiroshima : «Tout ce qu’on peut faire c’est de parler de l’impossibilité de parler de Hiroshima. La conscience de Hiroshima étant a priori posée comme un leurre exemplaire de l’esprit.» (in synopsis de «Hiroshima mon amour»). Elle aborde des interrogations fondamentales, existentielles: celles de la mémoire, de l’indicible – face à l’horreur et à une grande douleur – de la constitution de l’être par sa réappropriation du passé. D’autre part, elle ose parler de cette violence, de cette humiliation et de ce châtiment très moyenâgeux – la tonte – que des femmes françaises ont subie à la Libération pour avoir aimé un soldat allemand.


«Hiroshima mon amour» est une oeuvre poétique, philosophique, et politique. Le scénario, écrit pour Alain Resnais en 1958, s’ouvre comme un long poème, sorte de méditation sur l’amour, le temps, la mémoire, l’oubli et dont l’arrièreplan repose sur la violence politique… Ici, l’histoire individuelle rencontre l’histoire collective.


Pour des raisons dramaturgiques, philosophiques, et même poétiques, je souhaite que l’acteur qui interprète le rôle de l’amant soit japonais; il me paraît essentiel, sinon la pièce n’a, me semble-t-il, aucune raison d’être, que l’acteur appartienne à ce pays; qu’il soit traversé par l’histoire du Japon, qu’il en porte, symboliquement, la mémoire, les blessures, les cicatrices. Il devrait être bilingue.

Christine Letailleur

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