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Hilda

+ d'infos sur le texte de Marie NDiaye
mise en scène Elisabeth Chailloux

: Le Peau de l'autre

par Elisabeth Chailloux

  • Le bourgeois est un vampire, qui n’est pas en paix tant qu’il n’a pas mordu le cou de sa victime pour le pur plaisir, naturel et familier, de la voir devenir pâle, triste, laide, sans vie, tordue, inquiète, culpabilisée, calculatrice, agressive, terrorisante, comme lui. (Pier Paolo Pasolini)

Mme Lemarchand, bourgeoise de gauche, convoque Frank Meyer. Elle veut engager son épouse, Hilda. Pour 50 francs de l’heure, il s’agit de faire le ménage, de s’occuper de ses trois enfants et de lui tenir compagnie. Pourquoi Mme Lemarchand veut - elle engager Hilda et personne d’autre ? Elle a entendu dire qu’Hilda était saine d’esprit et belle de corps.
L’apparence est primordiale pour Mme Lemarchand qui ne peut supporter la solitude.


« J’ai besoin d’Hilda pour affronter la longueur des jours, pour sourire à mes enfants et résister au désir de nous faire tous passer de l’autre côté. »
Mme Lemarchand désire faire d’Hilda son employée, son amie, sa chose. Face à cette emprise, Hilda se mure dans le silence.
En fait, que possède la patronne de son employée ? Ses gestes automatiques, sa présence, fantomatique et le droit de répéter son prénom à l’infini.
L’essentiel d’Hilda – ses sentiments, ses pensées – lui échappe.


« Mais on ne peut rien changer au fait qu’Hilda est elle-même, n’est-ce pas, et que l’intérieur de son petit crâne nous demeure étranger, n’est-ce pas, Frank ? »
Dans le conflit qui l’oppose à Frank, Mme Lemarchand menace : « J’aurai votre peau ». Mais justement, on n’obtient rien en achetant l’autre, si ce n’est sa peau.
Hilda est vendue, discutée, manipulée, sans avoir droit à la parole.
Silence, résistance d’Hilda.
Désespoir, solitude de Mme Lemarchand.
Qui est le maître, qui est l’esclave ?
Qui est le bourreau, qui est la victime ?
Dans cette tentative désespérée d’être l’autre, de posséder l’autre – quand on n’arrive pas à être autre chose que soi-même - jamais Mme Lemarchand ne parviendra à posséder Hilda, ni même Frank, encore moins Corinne, la jeune sœur d’Hilda.


« Je vous invite, Corinne et vous, Frank. Venez donc manger à la maison. »
Mme Lemarchand, comme tous les vampires, a besoin de chair fraîche.

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