La peur dedans, un titre comme pour évoquer l'écho de l'extérieur en chacun de nous. La peur comme matière invisible, inodore, aphone, née de l'extérieur et qui vient s'immisce progressivement dans nos vies, nous faire trembler de l'intérieur. Réduisant nos opinions au silence, nos convictons à l'étoufement, et la révoluton à l’obéissance.

Nous voyons ici deux interprètes dans un huis-clos oppressant, assaillis par les médias, qui tracent le mouvement de la peur à travers des récits de fiction (Le château des Carpathes, Le mouchard), affectés petit à petit, atteints pas l'accumulation d'information médiatiques. Ils sont au cœur d'une machine où le media est omniprésent. Les deux interprètes ont un autre partenaire : l'écran, présent comme le seul vecteur d'informations extérieures, pesant comme une puissance supérieure. Il y est diffusé du texte comme de l'image. L'écran est la surface où le media parle, et traduit le réel jusqu'à sa défiguraton. L'image est écorchée, parasitée, elle devient neige. Des aller-retours perpétuels ont lieu entre une immersion totale dans les récits et une distance prise par les interprètes sur la situaton. Ils portent alors un regard extérieur et analytique sur l'état de peur qui englouti les personnages.

Voilà le cadre de La peur dedans qui se veut échantillon d'un monde qui s'effraie de tout et de rien, qui est sujet aux émotions subites et déraisonnées.
Un spectacle qui questionne la peur et le média, décryptant la mécanique d'instrumentalisation des émotions et ce qui en découle.