Deux filles encore assez jeunes et un homme pas encore trop vieux débarquent dans un appartement. Qu'ils devaient croire vide. Alors que s'y trouvait encore une vieille dame. Et sans doute aussi un vieil homme, mais lui on ne le voit pas, il ne bouge plus, on peut l'oublier tout de suite. Par contre, l'accordéon qu'il aurait encore sur ses genoux, voilà bien sûr qui devient vite crucial.
Une histoire simple, une fille aime une fille, un homme tombe au milieu, plaît bien à l'une, déplaît bien à l'autre, juste assez, pour faire problème.
Ce qui complique, c'est quand la vieille femme reconnaît en l'une des filles sa fille. Que cette fille répond, joue un peu trop bien le jeu.
Et bien sûr l'homme veut convertir l'accordéon en boîtes de thon, pour voir à durer au maximum. Bien sûr la fille veut le transmuer en soirée dans un resto, histoire de se faire un moment immortel. Evidemment la dame dit, tant qu'elle peut encore dire, qu'il faut le remettre dans le placard, fermer bien à clef, on sera gentil...
Si ça se trouve ils sont, les autres et les uns, les héros déglingués d'une espèce de mythologie de fin de siècle. Une métaphore de la survie au jour le jour. Mille et unième tentative de se rejouer avec les moyens du bord un vieux tour de rêves impossibles, dans la vieille ronde des plaisirs et des désolations.

Jacques Serena