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: Entretien avec Sophie Perez et Xavier Boussiron

Propos recueillis par Cathy Bouvard

Pourquoi vouloir travailler sur Gombrowicz ?


S. Perez : Ça fait belle lurette que nous avions envie de nous plonger dans son oeuvre. Lorsque nous nous sommes rencontrés il y a dix ans, nous étions tous les deux fans d’Elvis et de Gombrowicz. On a tout lu. Depuis qu’on se connaît et qu’on travaille ensemble, il y a toujours des bribes de ses textes qui traversent notre travail, il y a toujours un peu de Gombrowicz.


Qu’est-ce qui vous intéresse dans l’oeuvre de Gombrowicz ?


X. Boussiron : Une posture qui dépasse la littérature, une drôle de manière de gérer la philosophie et son écriture font de lui plus un artiste qu’un écrivain. Il ressort de son fonctionnement une énergie très forte. Nous avons pris “Les envoûtés” comme base du “Gombrowiczshow”. “Les Envoûtés” manient un esprit parodique très fort : faire un roman dans le ton d’un roman de gare (comme il le dit lui-même) mais dans lequel il arrive à réinsuffler les choses essentielles à sa démarche artistique. Dans “Les Envoûtés” on retrouve les notions propres à Gombrowicz : une espèce de drôle de matière psychique qui est à l’oeuvre, une espèce de maturité qui est l’apanage de tous, que ce soit les personnages haut placés ou les plus fragiles.


Vous souhaitez traiter l’ensemble de l’oeuvre, comment l’adapterez-vous au théâtre ?


SP : Paradoxalement, ce qui nous intéressait était en dehors du théâtre : c’est ce qui avait rapport avec du Goya, de la cascade, de l’épuisement, avec du symbolisme, avec ce qu’il appelle le déferlement de gueules. Je trouve que ce sont des choses proches de ce que l’on traverse habituellement dans notre théâtre. Les rapports de manipulation entre les êtres, l’idée de la peinture, les rythmes étranges, les accumulations puis les choses très étirées. Le point de départ de “Les envoûtés”, c’est lorsqu’avec un copain, Gombrowicz s’est dit : on va gagner du fric, on va écrire un roman de gare. Tout d’un coup faire une oeuvre populaire s’est avéré pour lui beaucoup plus complexe que d’écrire pour une “élite”. Je trouve que c’est assez parallèle avec le travail que l’on fait qui peut être très critique mais aussi très simple à appréhender. En fait Gombrowicz parle toujours du problème de la forme, mais il y a aussi une sorte d’avalanche de mots, d’idées complexes. Pour l’écriture de notre spectacle, nous allons utiliser des extraits des “Envoûtés” (fil rouge de la pièce), des extraits des “Entretiens (Testament)”, une interview par Michel Polac et nos textes. Cette création est un hommage à Gombrowicz, une fresque autour de cet auteur.


C’est une histoire de Gombrovicz ?


XB : Ce n’est pas une biographie non plus, on ne raconte pas sa vie, mais il s’agit de raconter le fonctionnement de son oeuvre. Il y a une forte pratique du mot bien sûr, mais il y a aussi une forte pratique de la mise en scène et de l’intrigue, dans la manière dont il exploite les formes préexistantes à la fois pour les ratatiner ou les développer. Et là c’est tout le problème de la parodie, savoir si nous faisons reposer notre travail sur des choses que nous aimons fondamentalement ou que nous détestons fondamentalement.

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