Gregory Burke

La Grande-Bretagne porterait-elle un nouvel enfant prodige en la personne de Gregory Burke ?
Ce jeune Ecossais triomphe en effet sur toutes les scènes du pays avec sa première pièce, Gagarin Way, l’histoire de deux ouvriers malmenés par les effets de la mondialisation qui décident de kidnapper le responsable de l’audit de leur usine. Succès public et critique de la pièce : bien que remarquable, jusqu’ici rien d’exceptionnel. Si ce n’est que l’auteur n’avait jamais mis les pieds dans un théâtre avant de soumettre son texte au Traverse Theatre. Après des études qui le mènent jusqu’à l’université, Burke enchaîne les emplois alimentaires : mineur, vendeur, jusqu’au jour où le besoin de parler de la précarité du monde est tel qu’il décide de prendre son stylo. En sort une pièce authentique, qui découle avant tout d’une urgence de prendre la parole. Car Burke ne cherche pas à réinventer le théâtre, mais juste à dire les choses, à sortir les mots qui lui brûlent les lèvres et qui empourprent ses joues. Lue pour la première fois en 2001, la pièce fait mouche. Quelques mois plus tard, elle est présentée au festival d’Edimbourg (l’équivalent d’Avignon version écossaise) et prend ensuite la route de Londres pour le prestigieux Royal National Theater, puis le théâtre privé où elle reste à l’affiche jusqu’à fin 2002. Parce qu’elle aborde des thèmes d’actualité (la mondialisation, le chômage, le terrorisme) mais n’en oublie pas moins de faire rire, la pièce continue de séduire les metteurs en scène du monde entier qui s’empressent de monter l’écriture drôle et cinglante du jeune ouvrier écossais. Alors véritable conte de fée ou coup médiatique ? La suite de la carrière de Burke nous le dira. Certes, personne n’est devin. Reste une écriture piquante, ardente flamme d’un brasier qui ne devrait pas s’éteindre si facilement, pour peu que l’institution théâtrale veille à souffler dessus.

© laurence perez