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Fugaces

mise en scène Hervé Petit

: Notes d’intention

D’abord l’alerte et ample premier acte. Ses déambulations domestiques et vaudevillesques. Son allure de comédie. Benet insiste sur ce point. Peut-être par pudeur. Car si les personnages nous retiennent, c’est qu’ils sonnent juste : leur chaude cordialité, leur fébrilité plus ou moins exprimée, leurs petites confessions, leur humour aussi. L’espace : un curieux couloir-salon-vestibule d’allées et venues qui fragmente l’acte en courtes scènes glissant de l’une à l’autre au gré de la circulation des personnages, de leurs humeurs, de leurs confidences, pour finalement, l’air de rien, concentrer l’intrigue autour de la grande scène de la table, laquelle passe au premier plan. Tout cela très allègre et en même temps intrigant, justement.


Alors le basculement du deuxième acte. Avec soudain l’espace ouvert de la nuit étoilée, qui nous extrait du confinement domestique et social du premier acte, comme si l’ampleur du drame à venir ne pouvait se manifester que dans un tel cadre. L’intimité, même encore retenue, est là, tout de suite, et dès le départ un peu clandestine. Seuls sous la voûte étoilée. L’écriture a bougé, devient plus vibrante, lyrique. Dans le passage du catalan au français, garder la juste mesure de ces paroles passionnées qui se cherchent. Ni les « trivialiser », ni les gonfler. En préserver la vérité dramatique, même si des ombres demeurent (comment pourrait-il en être autrement ?) dans le mouvement même de cet échange amoureux et batailleur sous les étoiles, doux, heurté, violent, avec ces irruptions de tirades / confidences.


Comment, après cela, faire entendre les propos apaisés, sereins, sincères de chacun des amis au troisième acte, alors que nous, public, nous venons d’être témoins de la tragédie qui se déroule quelque part ailleurs au même moment ? Le décalage est énorme. Il le faudrait pourtant. Des échos de sentiments, de réflexions circulent d’ailleurs, de façon contradictoire, entre le deuxième et le troisième acte. J’aime ce que disent ces amis sur le bonheur, sur le sens de la vie. A posteriori j’en ai voulu au docteur de foutre en l’air tout cela. J’ai confié mon sentiment à Benet i Jornet. Il m’a amicalement répondu :
« Ça me plaît ta sensibilité devant le troisième acte (…) Tout le monde a trouvé là, à la fin, son équilibre, oui, dans cette nuit d’été (…) Je trouve très bonne ta décision de ne pas te laisser aller à un possible éblouissement pour le deuxième acte. Seulement…je te demande pitié pour le docteur. Pas compréhension, pas justification, si tu veux. Mais, à la fin, un petit morceau de pitié pour le monstre. »
Par rapport au premier acte, l’espace du trois lui aussi a bougé.

Hervé Petit

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